Bienvenue sur ces rivages oniriques !

Bienvenue sur ces rivages oniriques !

Rivages oniriques est un blog consacré aux cultures de l’Imaginaire (fantasy, fantastique, science-fiction) et aux cultures de genre (historique, thriller, épouvante…).

Vous y trouverez donc de nombreuses chroniques littéraires, mais aussi des critiques de films, de séries télévisées, d’expositions… et bien d’autres choses encore, toutes liées, de près ou de loin, à ces genres qui nous font rêver, vibrer, cauchemarder, et nous aventurer loin du territoire familier de notre quotidien.

Nous espérons que vous serez nombreux à nous rendre visite.

Et, surtout, n’hésitez pas à laisser une trace de votre passage, à donner vous-mêmes vos avis ou vos conseils de lecture, de visionnage, d’écoute ou d’incursion…

Très bonne visite !

dimanche 22 juin 2014

Percy Jackson – Le Voleur de foudre
de Rick Riordan (Albin Michel)

Résumé :
Depuis toujours, Percy Jackson n’est pas comme les autres. Il est hyperactif et dyslexique, son cas étant encore aggravé par un déficit de l’attention. Il n’a jamais connu son père et vit avec sa mère, cohabitant difficilement avec son ivrogne de beau-père… Difficile de démarrer dans la vie avec autant de handicaps. Percy a du mal à s’intégrer et ses notes laissent à désirer. Régulièrement, les sorties scolaires auxquelles il participe s’achèvent par une catastrophe dont il semble être le responsable. Il passe d’école en école, accumulant les renvois et les mises en garde. Jusqu’au jour où un événement plus étrange que d’habitude va le propulser dans une colonie un brin spéciale : la colonie des Sang-Mêlé. Une colonie de jeunes, comme lui. Une colonie de demi-dieux.


Critique (attention, spoilers) :
Il semblerait que la pottermania ait encore frappé. En effet, comment ne pas dresser le parallèle entre Percy Jackson et Harry Potter ? Les ressemblances d’intrigue sont nombreuses. Deux jeunes garçons se heurtent à la bêtise et à la méchanceté de leur beau-père. Étant le point de convergence d’incidents étranges, ils sont aussi les souffre-douleur de leurs petits camarades. Jusqu’au jour où ils apprennent qu’ils ne sont pas des humains quelconques : Harry est un sorcier, Percy un demi-dieu. À partir de là, leur vie bascule. Les deux garçons entrent dans une école faite pour les enfants ayant les mêmes dons qu’eux. Ils y découvrent ce qu’ils n’ont jamais connu dans le monde ordinaire : le respect. Mais le mal rôde et ils doivent faire la preuve de leurs talents, quoique leur formation soit incomplète. Voldemort, Cronos… qu’importe leur nom pour peu qu’ils aient le même emploi : incarner le mal absolu en éveil. Et que dire du trio Percy-Grover-Annabeth si ce n’est qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau au trio Harry-Ron-Hermione ? Le héros intrépide, l’élément comique malgré lui et la bêcheuse, fayot sur les bords, au cœur plus tendre qu’il n’y paraît… les profils correspondent parfaitement.
Du coup, Percy Jackson a un peu les défauts de son aîné. Les situations sont rocambolesques à souhait et les personnages semblent souvent plus chanceux que vraiment compétents. Mais la saga a aussi les qualités d’Harry Potter. Comme J.K. Rowling, Rick Riordan a su imaginer un univers de fantasy urbaine décalé, enchanté par une magie cocasse. Une fois que l’on a surmonté son impression de déjà-vu, on s’attache aux personnages et on pénètre avec délice dans cette Amérique envahie par les dieux et les monstres de la mythologie grecque. Je n’aurais pas imaginé Arès en biker avant de lire Percy Jackson, mais il faut reconnaître que la vision ne manque pas de sel !
Ce que j’ai surtout regretté, c’est une certaine prévisibilité. Accusons la malchance (mais je suppose ne pas avoir été la seule dans ce cas), j’ai deviné dès le départ à quoi faisait allusion la prophétie, qui était vraiment le grand méchant et qui était le traître, ce qui m’a évidemment gâché le suspense.
Quant aux ressemblances avec Harry Potter, j’ai quand même bon espoir qu’elles s’amenuisent dans les tomes suivants, puisque l’auteur a adopté beaucoup plus tôt que Rowling le principe de la quête en dehors de l’école.
Finalement, en dépit des quelques défauts dont nous avons parlé, Le Voleur de foudre est un bon début de saga qui donne envie de connaître la suite.
Oserez-vous défier les dieux ?

jeudi 12 juin 2014

Le Dieu dans l’ombre 
de Megan Lindholm (Télémaque)

Résumé :
Petite fille introvertie et sauvageonne, Evelyn semble être devenue une jeune femme épanouie. Elle est mariée à un homme dont elle est follement amoureuse et mère d’un garçon de 5 ans qu’elle couve un peu trop. Elle vit dans un chalet en Alaska où elle possède tout ce dont elle a besoin : une famille, des amis, un emploi… et surtout la nature, toute proche.
Mais son bonheur est soudain bouleversé par un séjour chez sa belle-famille, qui semble ne jamais vouloir prendre fin. Evelyn se heurte à l’hostilité de ses beaux-parents, à l’inertie de son mari. Puis elle observe avec horreur son fils devenir l’enjeu de sa défaite.
Mais, dans l’ombre des bois qui entourent la ferme devenue sa prison, une créature surgie de son enfance vient la retrouver. C’est un vieil ami, qu’elle avait presque oublié. L’entraînant dans un voyage fantasmagorique, il va l’aider à renouer avec la forêt, à redécouvrir qui elle est vraiment.


Critique (attention, spoilers) :
Le Dieu dans l’ombre, publié en 1991 aux États-Unis (sous le titre Cloven Hooves, qui signifie « sabots fourchus »), soit quatre ans avant la sortie américaine de L’Assassin royal, porte les prémices des grandes sagas intimistes signées Robin Hobb. Ce récit annonce aussi certains thèmes qui deviendront récurrents dans les œuvres de l’auteure, tels que la relation de l’homme à la nature ou le sens des responsabilités pesant sur les épaules de ses héros comme une sorte de fatalité. Mais c’est aussi un grand roman qui a sa propre valeur, et qui s’éloigne à grands pas de la high fantasy.
Ayant elle-même grandi en Alaska, Megan Lindholm/Robin Hobb sait mieux que personne évoquer les grands espaces sauvages de cet État, sa faune et sa flore d’une richesse souvent intimidante. On pourrait soulever un message écologique dans Le Dieu dans l’ombre (et cela bien avant le battage médiatique qui est aujourd’hui fait à ce sujet), mais ce serait réducteur. L’écrivaine nous livre ici sa propre vision de la place de l’homme dans le monde, qui n’est qu’une créature parmi tant d’autres, ni supérieure ni inférieure. Elle nous fait partager son émerveillement et son respect pour toutes les formes de vie quelles qu’elles soient, sans sensiblerie excessive : l’homme est un prédateur naturel, dont la survie passe aussi par sa consommation de viande.
Le sens du devoir est un autre thème fort du livre. Arrachée à son territoire, jetée dans la famille de son époux où elle est dépréciée, moquée, conspuée, la narratrice se sent néanmoins obligée de rester pour soutenir son mari et sauvegarder l’unité de sa famille. Dans l’espoir de préserver son fils, que ses beaux-parents tentent de retourner contre elle, Evelyn courbe l’échine. Elle est sans cesse tiraillée entre ses responsabilités d’adulte et son désir de rester elle-même. De vivre pleinement sa vie telle qu’elle l’entend, sans avoir à se camoufler derrière un comportement de façade, celui que tous veulent lui voir adopter.
Écrit à la première personne, le récit d’Evelyn nous donne accès à la complexité psychologique de cette femme unique qui a bien du mal à trouver sa place dans la société humaine. N’y parvenant pas vraiment, elle se reporte sur le monde sylvestre qui l’acceptait sans condition lorsqu’elle était enfant. Mais son statut d’humaine lui rappelle qu’elle ne fait pas totalement partie de cet univers, et elle se retrouve seule une fois de plus.
Comme souvent dans les romans de Megan Lindholm, et de son alter ego Robin Hobb, la fin est douce-amère. Ne sommes-nous pas toujours seul, quoi qu’il arrive ? Mais l’espoir subsiste et, à défaut de bonheur, au moins pouvons-nous trouver dans les activités du quotidien la satisfaction d’avoir fait ce qui devait être fait.
En conclusion, Le Dieu dans lombre dynamite le conformisme, le politiquement correct à l’œuvre dans nos sociétés. Certains passages pourront paraître crus, mais ils ne sont jamais gratuits. Les axes de réflexion sont très nombreux, trop pour quon puisse tous les aborder ici. Et cest à mon sens lune des plus grandes qualités de ce roman.

L’Enfant des cimetières
de Sire Cédric (Le Pré aux Clercs)

Résumé :
Au cœur de la nuit, près du cimetière Terre-Blanque, un terrible drame survient. Un fossoyeur massacre sa femme et ses deux enfants, avant de se suicider d’une balle en pleine tête. L’homme menait pourtant une vie sans histoire. Comment expliquer ce coup de folie ?
David Ormeval, photographe pour la presse locale, arrive sur les lieux du crime. Il y retrouve sa collègue journaliste, Aurore Dumas, qui voit dans cette affaire l’occasion de booster leur carrière. Mais David ne partage pas l’excitation de sa partenaire. Quelque chose rôde dans ce cimetière. Quelque chose de malsain…
On a tous une dame blanche près de chez nous. À Terre-Blanque, ils ont l’enfant des cimetières.


Critique (attention, spoilers) :
Qui a dit qu’après son âge d’or dans les années 80 la littérature d’horreur avait totalement disparu ? Bien qu’elle se soit fondue au cours de ces dernières décennies dans le genre « thriller », aujourd’hui plus en vogue, elle peut encore mettre au monde quelques beaux rejetons. L’Enfant des cimetières en est la preuve. Et ce phénomène persistera, espérons-le, tant qu’il restera des auteurs de la trempe de Sire Cédric pour peupler nos rêves de chimères cauchemardesques.
Pourtant, je dois l’avouer : rebutée par la promotion de l’auteur, qui s’appuie beaucoup sur sa prestance vampirique, j’ai boudé cet écrivain pendant des années. Je ne voyais en lui qu’un people habillé et maquillé à la façon d’un prince des ténèbres… et je me rends compte à présent que j’ai peut-être toute son œuvre à rattraper ! Sire Cédric fait partie du club très privé des auteurs d’horreur français. Il prouve ainsi qu’un écrivain francophone peut tirer son épingle de ce jeu essentiellement dominé par les Anglo-Saxons. On retrouve d’ailleurs chez ce fan de Stephen King l’influence que ce dernier a eue sur son écriture.
L’Enfant des cimetières a reçu en 2010 le prix Masterton… et on comprend vite pourquoi !
Son intrigue est pleine de rebondissements et sans temps mort. Le style est nerveux à souhait (même si une fin plus condensée aurait probablement gagné en dynamisme). Certaines images, très cinématographiques, explosent dans notre tête sous forme de flashes, nous rappelant ce que doit la littérature d’horreur aux films du genre.
Je n’ai pu déplorer que deux éléments : d’abord, j’ai senti vers la fin, par de petits détails s’agglutinant les uns aux autres, la main salvatrice de l’auteur qui veillait sur la sécurité de ses héros (les difficultés s’aplanissent un peu trop miraculeusement sur leur chemin). Quant au père adoptif du démon, il m’a semblé atteint du « syndrome du méchant » (vous savez, ces ordures qui asserviraient le monde si elles pouvaient s’empêcher d’expliquer leurs plans à leurs ennemis, laissant à ces derniers le temps de retourner la situation à leur avantage…). L’auteur a avoué qu’il avait écrit ce livre (de plus de 400 pages) en quelques mois. Ceci expliquerait-il cela ?
Mais ces petits défauts n’ont pas suffi à gâcher mon plaisir. Et ce thriller devrait réunir, sous une même bannière, amateurs de polars et fans de fantastique.
Attention néanmoins : nous avons détecté un risque d’addiction élevé. Une fois que vous aurez commencé ce livre, vous ne pourrez plus le lâcher avant la fin…