Bienvenue sur ces rivages oniriques !

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Rivages oniriques est un blog consacré aux cultures de l’Imaginaire (fantasy, fantastique, science-fiction) et aux cultures de genre (historique, thriller, épouvante…).

Vous y trouverez donc de nombreuses chroniques littéraires, mais aussi des critiques de films, de séries télévisées, d’expositions… et bien d’autres choses encore, toutes liées, de près ou de loin, à ces genres qui nous font rêver, vibrer, cauchemarder, et nous aventurer loin du territoire familier de notre quotidien.

Nous espérons que vous serez nombreux à nous rendre visite.

Et, surtout, n’hésitez pas à laisser une trace de votre passage, à donner vous-mêmes vos avis ou vos conseils de lecture, de visionnage, d’écoute ou d’incursion…

Très bonne visite !

lundi 11 avril 2016

Le Diable en gris 

de Graham Masterton (éditions Bragelonne)


Résumé :
Alors que Jerry Maitland pose du papier peint dans la future chambre de bébé, une lame invisible le blesse profondément. Alison, sa conjointe enceinte jusqu’aux yeux, lui donne les premiers secours et appelle une ambulance. Mais quand les secouristes arrivent, la jeune femme a littéralement perdu la tête… et c’est un homme à moitié fou tentant de recoller le chef de son épouse qu’ils découvrent plongé dans un bain de sang.
Les soupçons de la police se tournent automatiquement vers Jerry. Pourtant, l’assassin n’a laissé aucun indice exploitable, et le suspect nie toutes les accusations à son encontre. Sa version des faits est incroyable… mais l’incroyable est parfois l’explication la plus vraisemblable.


Critique (attention, spoilers) :
Âmes sensibles, s’abstenir ! Dans Le Diable en gris, le rideau se lève sur un carnage, et le premier chapitre annonce tout de suite la couleur dominante du roman (le rouge sang, pour être précis…).
Par de nombreux côtés, ce roman fait penser à Sac d’os, de Stephen King. On y retrouve menant l’enquête un homme meurtri assisté par son épouse défunte qui cherche à le protéger depuis l’Autre Monde. On y retrouve aussi la belle femme Noire, charismatique et érotique, mais dangereuse et perfide comme le poison, aux pouvoirs surnaturels démesurés issus d’une magie ancestrale. Et enfin, piquée dans la trame, une remémoration du passé opposant Blancs et Noirs dans une lutte fratricide.
La comparaison peut s’arrêter là, cependant, car là où Sac d’os penche très nettement vers le drame, Le Diable en gris garde un ton résolument léger.
Graham Masterton n’a pas la classe de Stephen King, qui sait si bien mêler divertissement et réflexion sur la nature humaine et la société américaine, ou encore sur les rouages du monde de l’édition et de l’écrivain. Néanmoins, il livre ici une histoire qui devient de plus en plus prenante au fil des pages.
Le Diable en gris nous plonge dans la mythologie afro-américaine et dans les arcanes de la santeria. Moins connue en France que le vaudou, la santeria est une religion païenne fusionnant différentes croyances africaines et qui s’est développée sur le Nouveau Continent avec l’arrivée des esclaves. Ces derniers, ayant pour interdiction de s’adonner à leurs croyances ancestrales, ont continué d’adorer leurs dieux en leur prêtant des noms de saints chrétiens et en calant leurs rituels sur les dates des fêtes catholiques, d’où le nom de santeria, mot signifiant « sainteté » en espagnol.
Mais Le Diable en gris a aussi pour mérite d’évoquer la guerre de Sécession. L’histoire se déroulant de nos jours dans l’État de Virginie, à Richmond, ancienne capitale des Confédérés, elle retrace tout particulièrement le point de vue des sudistes, ce qui change de l’éclairage traditionnel des nordistes, les gentils consacrés par l’histoire. Est-ce parce que Graham Masterton est écossais et non américain qu’il peut se permettre un tel recul ? C’est en tout cas rafraîchissant de ne pas sombrer dans le parti pris des grands vainqueurs de la guerre de Sécession, même si l’auteur ne remet pas en cause le bienfondé de l’abolition de l’esclavage.
En bref, Le Diable en gris est un roman bien ficelé (malgré quelques ficelles un tantinet trop grosses) et bien documenté, mêlant agréablement magie ancestrale et histoire sanglante d’une nation. Si vous aimez le surnaturel, que vous avez le cœur bien accroché et que les scènes de sexe crues ne vous font pas peur, foncez. Si la vue du sang vous fait tourner de l’œil, prenez un autre livre. Graham Masterton a juré de vous soulever le cœur, et vous n’aimeriez certainement pas salir votre fauteuil préféré…