Bienvenue sur ces rivages oniriques !

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Rivages oniriques est un blog consacré aux cultures de l’Imaginaire (fantasy, fantastique, science-fiction) et aux cultures de genre (historique, thriller, épouvante…).

Vous y trouverez donc de nombreuses chroniques littéraires, mais aussi des critiques de films, de séries télévisées, d’expositions… et bien d’autres choses encore, toutes liées, de près ou de loin, à ces genres qui nous font rêver, vibrer, cauchemarder, et nous aventurer loin du territoire familier de notre quotidien.

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Et, surtout, n’hésitez pas à laisser une trace de votre passage, à donner vous-mêmes vos avis ou vos conseils de lecture, de visionnage, d’écoute ou d’incursion…

Très bonne visite !

dimanche 21 août 2016

L’Agence Pinkerton 

Tome 1, Le Châtiment des Hommes-Tonnerre 

de Michel Honaker (éditions Flammarion)


Résumé :
Trois hommes à la poursuite d’un voleur sur le Transcontinental. Mais pas n’importe quels hommes, rendez-vous compte ! Des agents du premier bureau fédéral américain, des agents de la célèbre agence Pinkerton… Trois nouveaux cadavres sur les rails.
Jamais encore le voleur n’avait fait de victime. Et pour une première, il a frappé fort ! L’affaire fait les choux gras de la presse. Il faut agir, mais quoi faire ?
Neil Galore, un jeune dilettante, est embauché par l’agence, en compagnie de trois autres jeunes gens, pour reprendre l’enquête. Sauront-ils mettre leurs dissensions de côté pour trouver le coupable ?


Critique (attention, spoilers) :
Voilà une série qui fleure bon la poudre, les chevaux et le sable chaud du désert !
Ce premier tome de L’Agence Pinkerton nous fait gentiment renouer avec les westerns qui ont marqué l’industrie du cinéma, notamment à partir des années 60.
On retrouve en effet, dans Le Châtiment des Hommes-Tonnerre, tous les codes, les thèmes et les stéréotypes du bon vieux western que Michel Honaker remet au goût du jour, les jeunes générations n’ayant pas forcément eu accès aux films de Sergio Leone et compagnie.
L’ambiance du Far West est ainsi très bien rendue… un peu trop d’ailleurs.
Dans ce premier tome, Honaker ne s’écarte pas beaucoup des stéréotypes. Alors qu’il aurait pu exploiter les motifs inhérents au western en les renouvelant, les transcendant, il ne fait que les exploiter sans leur apporter grand-chose de novateur, se limitant aux situations classiques : la partie de poker au saloon, le voyage en train qui commence à mailler le territoire américain, le déraillement du même train par le sabotage de l’aiguillage, l’exploration d’un tunnel souterrain (on ne tombe pas loin du grand classique de la mine), la manipulation de la nitroglycérine, le cimetière indien (non, je vous ai eu, c’est en réalité un charnier chinois)… Bien sûr, ces scènes s’appuient sur une réalité bien établie, mais elles ne constituent pas à elles seules le Far West, et elles ont déjà été décrites des dizaines de fois. En fait, on a parfois l’impression que ces stéréotypes font partie de l’ambition didactique du roman, qui est par moments assez mal dissimulée.
Heureusement, le héros, Neil Galore, est bien campé, et assez peu conventionnel : menteur, voleur, tricheur… C’est un cabotin, sympathique en dépit de ses défauts, qui s’avère évidemment être plus que la somme de tous ses vices ! Ses compagnons d’armes, Armando Demayo et Elly Aymes, auraient mérité d’être un peu plus développés. Intéressants, ils ne sont cependant pas très utiles, et on comprend vite que Neil est le seul à avoir la trempe du détective, donc du héros, dans cette histoire…
La vraie surprise de L’Agence Pinkerton, c’est que le cycle se présente comme une saga historique truffé d’éléments fantastiques, ce qui reste assez rare dans le western et fait délicieusement penser au jeu de rôles Deadlands. La magie est bien introduite, quoique, encore une fois, plutôt classique. Trois pouvoirs sont en effet répertoriés dans ce tome 1 : la clairvoyance par le biais de visions, la pyrokinésie et le don d’ubiquité (capacité à se trouver en plusieurs endroits en même temps). Un peu trop faciles d’utilisation, ces pouvoirs magiques n’exigent apparemment pas de formation particulière, et leur pratique ne semble susciter aucune difficulté particulière pour peu que le personnage ait le don.
D’un autre côté, Honaker préfère ici l’humour et l’action au mélodrame, et c’est ce qui fait le charme du Châtiment des Hommes-Tonnerre.
La technique de l’auteur est d’ailleurs irréprochable. Il y a très peu de temps morts dans son intrigue et ils sont parfaitement bien dosés : nulle place à l’ennui dans cet hybride d’Harry Potter et de Lucky Luke. Dans ce sens, c’est un roman qui se lit comme un film. L’ensemble est joliment écrit, relevé par un style vif et imagé. Mais l’intrigue passe vite, trop vite. Heureusement que les tomes suivants sont là pour développer l’univers qui nous laisse sur notre faim dans ce premier opus.
Car si ce premier roman m’a semblé manquer d’un supplément d’âme, évoquant un produit fabriqué à la chaîne (l’auteur ayant déjà écrit plus d’une centaine d’ouvrages), la suite de la série devient très vite addictive. Dès le tome 2, Michel Honaker s’éloigne des stéréotypes qui pèsent sur le tome 1, et il développe davantage les personnages secondaires ainsi que les relations qu’ils entretiennent avec le héros, apportant enfin ce vent frais tant attendu.
Et, de toute façon, le western fantastique se fait trop rare, dans la littérature française, pour bouder notre plaisir. Alors montez dans le Transcontinental et, comme Neil Galore, partez à la conquête de l’Ouest !
Sinon… tu vas danser, pèlerin.