Bienvenue sur ces rivages oniriques !

Bienvenue sur ces rivages oniriques !

Rivages oniriques est un blog consacré aux cultures de l’Imaginaire (fantasy, fantastique, science-fiction) et aux cultures de genre (historique, thriller, épouvante…).

Vous y trouverez donc de nombreuses chroniques littéraires, mais aussi des critiques de films, de séries télévisées, d’expositions… et bien d’autres choses encore, toutes liées, de près ou de loin, à ces genres qui nous font rêver, vibrer, cauchemarder, et nous aventurer loin du territoire familier de notre quotidien.

Nous espérons que vous serez nombreux à nous rendre visite.

Et, surtout, n’hésitez pas à laisser une trace de votre passage, à donner vous-mêmes vos avis ou vos conseils de lecture, de visionnage, d’écoute ou d’incursion…

Très bonne visite !

samedi 26 avril 2014

Exposition : Star Wars – Identités
Cité du cinéma – Paris

Présentation :
Vous êtes un inconditionnel de Star Wars ? Vous avez vu les films, lu tous les livres dérivés ? Vous jouez aux jeux vidéo et vous collectionnez même les goodies ? Mais saviez-vous que, avant d’opter pour le couple de jumeaux Luke et Leia, George Lucas avait envisagé une version féminine de Luke ? Que Jabba le Hutt n’a pas toujours eu l’apparence d’une grosse limace ? Ou bien encore que le personnage de Chewbacca a en réalité été inspiré par Indiana, le fidèle copilote de Lucas, un malamute d’Alaska (une race de chien de traîneau), du temps où le réalisateur sillonnait les routes du nord de la Californie ?
Si ces informations vous surprennent, alors vous avez encore bien des choses à apprendre, jeune padawan. Rendez-vous vite à la Cité du cinéma et emplissez-vous du vaste savoir de maître Lucas, expert en arts visuels et en marketing. Partez en quête de vous-même et accomplissez votre apprentissage malgré les embûches que le destin sèmera immanquablement sur votre route. Mais méfiez-vous des émotions négatives. Haine, peur, colère,… pourraient bien vous faire basculer du côté obscur. Car l’Empereur guette, prêt à accueillir son nouvel apprenti.
Que la Force soit avec vous.


Critique (attention, spoilers) :
L’exposition se compose de deux parties qui se visitent simultanément. La première met en avant les maquettes, costumes, accessoires et dessins originaux qui ont servi à la production des films. Toutes ces œuvres sont directement issues des archives de Lucasfilm et leur exposition nous donne l’occasion de plonger dans l’imaginaire et au cœur même du processus de création de George Lucas. Les notices des artefacts exposés fourmillent d’anecdotes permettant de mieux comprendre les choix artistiques ou techniques du réalisateur et de son équipe, les sources d’inspiration auxquelles ils ont puisé, voire les contraintes de production qu’ils ont dû affronter.
Étroitement entremêlée à cette présentation d’objets originaux et uniques, la seconde partie, un parcours interactif, permet aux visiteurs de créer leur propre héros Star Wars. Pour cela, chacun doit suivre les étapes qui jalonnent la construction de toute personnalité, qu’elle soit réelle ou fictive. L’exposition utilise donc les personnages de la saga, notamment Anakin et Luke, pour expliquer quels sont les éléments qui forgent notre identité. À chaque étape, armé d’une rapide analyse théorique (et d’un bracelet lui permettant de valider ses choix sur des bornes), le visiteur choisit les critères ou les événements marquants qui sous-tendent l’identité de son héros.
Ce questionnement de l’identité sert de fil rouge à l’exposition puisqu’il structure la présentation des différentes pièces exposées. Ces dernières raviront les grands : leurs légendes sont très complètes, révélant des informations et des anecdotes inédites. Les petits ne seront pas en reste et devraient apprécier le circuit, plus ludique, reposant sur la création du personnage.
En conclusion, Star Wars – Identités offre une chouette promenade ouverte à toute la famille, mais qui laissera les fans, les purs et durs, un peu sur leur faim. On aurait en effet aimé encore davantage d’objets issus des films, plus d’anecdotes ou d’interviews, et un peu moins de « ludisme éducatif » qui, à bien y réfléchir, semble assez surfait. Surtout lorsqu’on est rôliste ou gamer et que l’on a l’habitude de créer un personnage qui évoluera au fil des aléas d’un jeu s’étalant sur plusieurs heures, voire plusieurs jours ou semaines de divertissement !

Informations techniques :
Dates : du 15 février au 30 juin 2014
Lieu : Cité du cinéma, Paris
Tarif plein : 22 € (sur réservation, hors boutique) ; 19,90 € (sur place, mais attention au nombre limité de places)
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site internet de l’exposition :

Note :
Si vous possédez de bons écouteurs, n’hésitez pas à les apporter, car ceux fournis pour l’exposition ne fonctionnent pas tous très bien (du moins c’était le cas le jour de ma visite).

Skully Fourbery tome 1
de Derek Landy (Gallimard jeunesse)

Résumé :
À l’enterrement de son oncle (un romancier d’horreur à succès), Stephanie Edgley fait la rencontre d’un bien curieux personnage qui s’avère être en fait… un squelette. D’abord réticent, Skully Fourbery, détective et mage de son état, va finalement aider Stephanie à dévoiler le mystère qui entoure la mort de son oncle. Le squelette va alors entraîner la jeune fille dans un univers de magie où les méchants sont très méchants et les gentils… pas toujours ce qu’ils paraissent être !

 

Critique (attention, spoilers) :
Voici ma critique, en quelques mots : de très bonnes idées assez mal exploitées. Si vous souhaitez lire ce roman afin de bâtir votre propre opinion (ce que je vous encouragerai toujours à faire… aussi argumentée soit une critique, elle est forcément en partie subjective), je vous conseille de vous arrêter là afin d’éviter d’être spoilé.
Pour les autres, je poursuis.
Particulièrement séduite par l’idée de départ, je me suis pourtant vite ennuyée. L’intrigue en soi n’est pas en cause, bien qu’elle ne brille pas par son originalité. Comme de nombreux romans de fantasy, l’univers repose en grande partie sur un folklore vu et revu (trolls gardiens de pont, vampires, revenants…), mais, là encore, ce n’est pas ce qui m’a posé problème, puisque beaucoup de livres employant des clichés que l’on pourrait penser usés jusqu’à la trame parviennent à nous faire passer de très bons moments. En effet, certains écrivains apportent aux stéréotypes une touche tellement personnelle qu’ils finissent par enrichir le genre d’un élément nouveau et original.
Non, ce qui m’a vraiment déplu, c’est le duo mal dosé (à mon humble avis) formé par Skully Fourbery et Stephanie. En se basant sur le titre du livre, Skully Fourbery, on pourrait s’attendre à ce que l’action soit centrée sur le personnage du squelette. Mais ce dernier n’est finalement qu’un adorable animal de compagnie pour Stephanie, la véritable héroïne, qui le mène par le bout du nez.
Chaque fois que l’action exigerait un héros peu ordinaire (disons, tout à fait par hasard, un squelette animé, détective et magicien expérimenté…), la narration braque ses projecteurs sur le rôle joué par Stephanie, une adolescente de 12 ans, qui ne se démarque que par sa banalité. Enfin, presque. Car, dans les scènes d’action, la bougresse fait preuve de tous les talents de Lara Croft et d’Ethan Hunt (Mission impossible) réunis, sans que l’auteur prenne la peine de justifier ces étranges capacités… ce qui donne lieu à un tas de situations qui ont dépassé les limites de ma suspension de l’incrédulité !
Tout porte à croire que l’auteur a voulu surfer sur la mégavague Harry Potter… mais n’est pas J.K. Rowling qui veut.

dimanche 13 avril 2014

The Mist
film réalisé par Frank Darabont


Dans la brume se cachent vos pires cauchemars…

Résumé :
Après un terrible orage, la petite ville de Bridgton, au cœur du Maine, est séparée du reste du monde. Comme beaucoup d’autres habitants, l’illustrateur David Drayton et son fils de 8 ans, Billy, se rendent au supermarché en prévision d’un isolement prolongé. Mais l’effervescence des courses est vite interrompue. Car une brume épaisse s’étend sur la ville, avalant toute trace de civilisation. Une brume d’où s’échappent de monstrueuses créatures. Piégés dans le magasin, le père et son fils, accompagnés de quelques survivants, vont entamer une lutte sans merci pour la survie.


Critique (attention, spoilers) :
Ainsi commence The Mist, écrit, produit et réalisé par Frank Darabont, d’après une nouvelle de Stephen King. Le cinéaste n’en est pas à sa première excursion dans l’univers tortueux du grand maître de l’horreur puisqu’il a aussi adapté Les Évadés et La Ligne verte (que je vous conseille également vivement). Assez fidèle à la version originale, le film s’en distingue par son final dramatique et cinglant. Si vous pensez à une banale histoire de monstres, vous vous trompez. The Mist est un huis clos implacable qui vous plongera dans les abîmes les plus sombres de la nature humaine. Car les monstres ne sont rien comparés au mal qui sommeille en l’être humain.
En somme, The Mist est un film d’horreur jouant brillamment sur les conventions du genre, qui offre aussi une belle réflexion sur le « mal intérieur » découlant du libre arbitre, une notion que l’on retrouve souvent chez Stephen King et qui semble inspirer la créativité de Darabont.
Les Mystères de Yoshiwara
de Matsui Kesako (éditions Philippe Picquier)



Résumé :
Bienvenue à Yoshiwara, le quartier des plaisirs d’Edo. Dans ce vaste théâtre, strictement codifié, évolue toute une foule de personnages hauts en couleur. Ici, pas de place pour les fainéants : chacun a son rôle à jouer – un rôle bien spécifique – et veille à la bonne marche de la communauté, consacrée au plaisir de ses visiteurs.
Lieu public par excellence, Yoshiwara n’est pourtant pas dépourvu de mystères. Car, au-delà des exubérances quotidiennes, du charme et des beaux atours, au-delà même des apparences clinquantes, un secret est bien gardé. Sillonnant dans ce quartier de la chair, un homme enquête. Dame Katsuragi, l’une des courtisanes les plus prisées du quartier, joyau de la maison de l’Oiseau blanc, a disparu dans des circonstances étranges qui n’ont pas été élucidées. À Yoshiwara, le silence est de mise. Mais, à Yoshiwara plus que partout ailleurs, les ragots vont bon train…



Critique (attention, spoilers) :
Dépaysant, ce roman l’est à plus d’un titre. D’abord par son cadre historique, l’intrigue se déroulant dans le Japon, encore très féodal, du début du xixe siècle. Puis par son cadre social : Yoshiwara, le quartier des plaisirs d’Edo (actuelle ville de Tôkyô). Enfin, par sa forme littéraire même, chaque chapitre n’étant qu’un monologue truculent, plein de verve et de digressions, parfois émouvantes mais surtout cocasses. Jusqu’à la toute fin du livre, nous ne savons rien du personnage principal, celui qui mène l’enquête (si ce n’est qu’il est jeune et bien fait de sa personne, ce qui semble naturellement lui attirer les confidences). Cet homme ne prend jamais la parole : les personnages qu’il interroge font eux-mêmes les questions et les réponses et répètent les propos de l’enquêteur lorsque la compréhension du lecteur l’exige. Petit à petit, en même temps que se dessine, sous nos yeux, la vie du petit peuple de Yoshiwara, et que se précisent les codes, les règles et le fonctionnement du quartier, se dresse le portrait de la grande Katsuragi, « courtisane sur rendez-vous ».
Une femme exceptionnelle au destin atypique, qui méritait bien de s’animer sous la plume tout à la fois inventive, originale et méticuleuse de Matsui Kesako.

Hansel et Gretel – Whitch Hunters
film réalisé par Tommy Wirkola


Résumé :
Hansel et Gretel, deux petits enfants perdus dans les bois, tombent pour leur plus grand malheur (et pour notre plus grand plaisir) sur une maison en pain d’épice habitée par une méchante sorcière cannibale. Tout le monde connaît cette histoire… Vraiment ? Ce que le conte ne nous dit pas, c’est ce que ces enfants sont devenus après. Avouez que l’expérience est traumatisante, de celles qui vous façonnent les plus grands héros… ou les plus grands psychopathes ! Évidemment, Hansel et Gretel font partie de la première catégorie. Ayant atteint l’âge adulte, les inséparables sont devenus mercenaires. Leur spécialité ? La chasse aux sorcières. Leurs outils ? Une incroyable panoplie de gadgets tous plus anachroniques les uns que les autres ! Leur atout ? Les liens du sang.


Critique (attention, spoilers) :
Lorsqu’on va voir ce genre de films au cinéma, c’est souvent parce qu’on en est fan. Ce qui ne veut pas dire qu’on peut avaler n’importe quoi. Si, si, je vous assure. Prenez Van Helsing, par exemple. J’ai frôlé de très près l’indigestion. Et, pourtant, il partait avec un bon atout : Hugh Jackman ! Miam ! Et puis, finalement, non. Trop de sucre tue le sucre (demandez à Hansel ce qu’il en pense…). Alors qu’avec cette réécriture cinématographique du conte des frères Grimm, signée Tommy Wirkola, je n’ai pas boudé mon plaisir !
L’ambiance est déjantée, les scènes d’action sont punchy, les acteurs ne se prennent pas au sérieux (Hansel et Gretel se font botter les fesses plus souvent qu’à leur tour) et le choc des cultures, entre le cadre intemporel des contes mais pseudo-historique des forêts allemandes du xixe siècle et les gadgets modernes revus à la mode de l’Ancien Régime (seringues à injection d’insuline pour les diabétiques, défibrillateurs, ou encore pièges en fils tendus entre les arbres, ressemblant à s’y méprendre aux lasers du premier film Resident Evil), est particulièrement savoureux. Seuls petits bémols : les scènes de vol des sorcières piquent un peu les yeux (m’est avis qu’il y a un petit fond vert qui se cache quelque part…) et le maquillage de ces adoratrices du diable, vu d’un peu trop près, fait penser au clown de cirque de notre enfance (enfin, il y en a que les clowns effraient… réminiscence de Ça ?). Mais le résultat reste somme toute tout à fait correct.
En bref, si ce soir vous voulez regarder une tragédie grecque, une histoire d’amour impossible sur fond de fresque historique, ou bien un drame humain débordant de réflexion sur l’actualité de nos sociétés, ce n’est peut-être pas le bon choix. Mais si vous voulez passer un bon moment sans prise de tête après une dure journée de travail… Alors, préparez-vous à une chasse aux sorcières endiablée !

Morale de l’histoire :
« Ne jamais rentrer dans une maison en sucreries. » (Hansel)
On vous aura prévenus !
Belle Époque
d’Elizabeth Ross (éditions Robert Laffont)


Résumé :
Pour échapper à un mariage arrangé, Maude Pichon débarque dans le grand Paris de 1889. Sur la rive gauche se dresse la demoiselle de fer, la tour d’Eiffel, encore en construction et nourrissant les polémiques. Paris capitale, Paris faste, Paris bonheur… Paris est le rêve merveilleux de toute provinciale. Mais, sans le sou, Maude voit rapidement son rêve tomber dans le ruisseau des rues crasseuses. Payer son loyer et avoir encore suffisamment d’argent pour manger deviennent son lot quotidien. Le dur métier de lavandière ne lui permettant pas de joindre les deux bouts, la jeune Bretonne de 16 ans répond à une annonce énigmatique. Pour le poste qu’on lui propose, elle possède un atout considérable… son physique insignifiant. L’agence Durandeau ne recrute en effet que des femmes laides ou d’apparence insipide. Le but : infiltrer ces femmes dans la bonne société, au service de clientes pour lesquelles elles joueront le rôle de faire-valoir, de « repoussoir ».
Outrée, Maude s’interroge. N’a-t-elle rien d’autre que son physique ingrat pour réussir dans la vie ? Doit-elle vraiment tomber si bas ?
En dépit de ses réserves, la jeune fille finit par accepter. Pour survivre.




Critique (attention, spoilers) :
Pour écrire son roman, Elizabeth Ross s’est inspirée d’une nouvelle d’Émile Zola, Les Repoussoirs, d’ailleurs insérée en fin d’ouvrage. On retrouve dans Belle Époque l’ambiance désabusée de la France du xixe siècle dépeinte par le journaliste, mais en beaucoup, beaucoup plus optimiste (un peu trop peut-être, la fin confinant quasiment au conte de fées si on poursuit la comparaison avec Zola).
D’origine écossaise, l’auteure a étudié le français à l’université de Glasgow et elle a effectué de petits boulots en Bretagne et à Paris. D’emblée, j’ai été séduite par l’idée qu’une Anglo-Saxonne nous aide à découvrir notre propre patrimoine littéraire et historique. Je dois reconnaître que, sur ce point, je l’attendais au tournant, mais je n’ai pas trouvé de quoi satisfaire ma mauvaise langue ! Le roman tient ses promesses et nous fait passer un très bon moment. L’intrigue est agréable, quoique assez linéaire et prévisible. C’est avec plaisir qu’on accompagne Maude et qu’on évolue avec elle dans les salons mondains et autres endroits-où-il-faut-être-vu recueillant le faste et le luxe du beau Paris. Comme de bien entendu, la jeune héroïne devra également faire face à l’envers du décor : mesquinerie, hypocrisie, faux-semblants, et même cruauté gratuite… les membres de la bonne société ne sont pas tendres envers ceux qui ne brillent pas comme eux. Maude va passer du choc à l’émerveillement puis à l’aveuglement, avant d’éprouver, pour finir, un profond écœurement. Pourtant, cette expérience lui permettra de se découvrir elle-même, puisant dans son sens de l’observation et de l’écoute pour toucher à l’âme d’artiste qui sommeille en elle. Et elle va s’apercevoir que, à l’image de la tour d’Eiffel, la beauté se trouve aussi en dehors des canons couramment admis.

Note :
Si vous aimez Belle Époque, vous adorerez Les Enquêtes d’Enola Holmes de Nancy Springer (éditions Nathan). Ce cycle de six tomes se déroule à Londres, à la même période que Belle Époque. Il met en scène Enola, la jeune sœur de Sherlock Holmes qui, à l’instar de son aîné, est animée d’un brillant esprit de déduction. À la disparition de sa mère, Enola prend son envol et ouvre son propre cabinet d’enquêtes.
Les aventures d’Enola Holmes sont un habile mélange de roman historique et de polar. On a le plaisir d’y découvrir le célèbre Sherlock sous un nouvel éclairage, par les yeux d’une héroïne forte et indépendante, mais aussi les balbutiements du mouvement occidental pour la libération des femmes. À la fois ludique et instructif.