Bienvenue sur ces rivages oniriques !

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Rivages oniriques est un blog consacré aux cultures de l’Imaginaire (fantasy, fantastique, science-fiction) et aux cultures de genre (historique, thriller, épouvante…).

Vous y trouverez donc de nombreuses chroniques littéraires, mais aussi des critiques de films, de séries télévisées, d’expositions… et bien d’autres choses encore, toutes liées, de près ou de loin, à ces genres qui nous font rêver, vibrer, cauchemarder, et nous aventurer loin du territoire familier de notre quotidien.

Nous espérons que vous serez nombreux à nous rendre visite.

Et, surtout, n’hésitez pas à laisser une trace de votre passage, à donner vous-mêmes vos avis ou vos conseils de lecture, de visionnage, d’écoute ou d’incursion…

Très bonne visite !

vendredi 12 septembre 2014

La Route
de Cormac McCarthy (éditions de l’Olivier)

Résumé :
Dans un pays dévasté, un père et son fils marchent vers les côtes du Sud, poussés par la rudesse de l’hiver terrien. Tel du gibier traqué, ils dévorent les kilomètres à défaut de nourriture, évitant les rares humains ayant survécu à l’apocalypse qui revêtent la forme de cadavres ou de brigands sans foi ni loi, pilleurs, violeurs, esclavagistes et cannibales. Rabaissés au rang de bête, père et fils survivent de menues trouvailles dans des bâtiments abandonnés, un sac à dos sur le dos et poussant partout un caddie dont le contenu constitue leurs seules possessions. Ils fuient la neige mêlée de cendre, cette cendre qui recouvre tout, qui les précède partout…


Critique (attention, spoilers) :
Que dire de ce roman qui a reçu le prix Pulitzer en 2007 et a été adapté à l’écran en 2009 par John Hillcoat ?
Son style est déroutant de prime abord. Pourtant il colle au plus près de l’histoire, de l’atmosphère froide et désincarnée que souhaite donner l’auteur. Par un usage réduit à l’extrême de la ponctuation, remplacée par la conjonction « et » que l’on peut trouver jusqu’à quatre ou cinq fois dans la même phrase, par l’emploi assumé de répétitions pour désigner les deux personnages principaux, par la pénurie de pensées autres que celles directement liées à la survie, par l’accumulation de descriptions laconiques et purement factuelles, Cormac McCarthy nous plonge dans un monde sans couleur et sans relief, où la barbarie l’a emporté sur les valeurs humaines.
Dans ce monde errent – avec pour seul but ce qui est probablement une illusion, celle que la vie sera moins difficile dans le Sud – un homme et son fils, reliés par le lien fort et néanmoins ténu de la survie. Complètement dépersonnalisés, ces deux personnages que l’on suit tout au long du roman n’ont pas de nom ni de prénom. L’auteur utilise simplement « l’homme » ou « Papa » pour le père, « le petit » pour l’enfant. Les dialogues entre eux sont minimalistes. Peu développés, voire animalisés, tous deux se réduisent à ce qu’ils sont l’un pour l’autre, à leur rôle de protecteur et de protégé, comme s’ils étaient les derniers êtres humains sur Terre et que cela seul les définissait. On ne sait rien non plus de la catastrophe qui a détruit la civilisation humaine et décimé la faune, hormis les feux qui continuent d’incendier certaines maisons et la cendre qui tombe et tombe sans fin.
En bref, n’espérez pas avoir de réponses, La Route est là pour vous poser les questions.
Le résultat est un roman qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui dévoile toute l’horreur d’une vie qui se résume à la simple survie, toute l’horreur de la condition humaine qui nous fait marcher sur la route, encore et encore, sans savoir ce qu’il y a ensuite, mais nous empêchant de renoncer. L’enfant surtout ne perd pas espoir de rencontrer des « gentils ». Et cet espoir qui le porte, encouragé par son père, le transforme en flambeau vivant, détenteur de certaines valeurs à une époque où elles n’ont apparemment plus cours.
Un bûcher sous la neige 
de Susan Fletcher (éditions Plon)


Résumé :
Corrag la sorcière. La putain. La gueuse. Voilà ce qu’ils disent d’elles. Ils l’ont honnie, accusée, pourchassée, comme sa mère et sa grand-mère avant elle. Peu importe que sa connaissance des plantes ait soulagé les maux et sauvé des vies. Tout le monde sait que la guérison par les simples est de la sorcellerie, n’est-ce pas ?
Enfermée dans une geôle sombre et puante, les cheveux hirsutes et la face noire de crasse, la jeune Corrag attend le dégel qui la verra brûler sur le bûcher.
C’est alors que la providence place sur son chemin un homme de foi. Celui-ci entre à contrecœur dans sa prison pour obtenir des renseignements. Elle aurait, dit-on, été le témoin d’un massacre perpétré sur l’ordre du roi Guillaume, l’usurpateur. Car Charles Leslie est jacobite. Il agit en faveur du retour du roi Jacques, forcé à l’exil par ce que la postérité a retenu sous le nom de Glorieuse Révolution. Et le récit échevelé de cette fille du Diable pourrait lui être utile.
Bravant son dégoût, l’homme de foi s’assied et écoute. Corrag raconte d’abord son histoire, faite de fuite et d’isolement, de contemplation, d’émerveillement et de joies simples. Puis elle aborde sa rencontre avec le clan MacDonald, des Highlanders, avant que ce dernier soit décimé par les soldats de Guillaume.
Au fil des jours, le cœur et les convictions de Charles se brouillent. Cette créature, pas plus grande qu’une fillette, a une façon de parler et un comportement étranges, certes. Mais est-elle vraiment le jouet des ténèbres que les gens bien pensants redoutent et exècrent ?


Critique (attention, spoilers) :
Un bûcher sous la neige est un roman historique qui ne doit pas se réduire à cette classification. Bien que son intrigue se déroule dans les Highlands du xviie siècle, le contexte historique semble assez anecdotique par rapport au personnage de Corrag, la narratrice, qui raconte son enfance anglaise puis sa vie de jeune adulte en Écosse.
Tout au long de son existence, pour se préserver, Corrag a fui la compagnie des hommes, se tenant délibérément à l’écart de l’humanité, de ses violences et de ses conflits, de son histoire. À certains moments clés de sa vie néanmoins, les affaires humaines l’ont rattrapée, comme à la fin du roman où l’Histoire précipite sa chute et celle de ceux que la sorcière a côtoyés, a appris à connaître et à aimer, en dépit de son exil.
L’Histoire n’est donc qu’un personnage secondaire dont l’importance se fait surtout sentir dans les derniers chapitres. De ce fait, il y a assez peu d’action (sauf, encore une fois, à la fin, où le temps pour agir semble manquer à l’héroïne après toutes ses années de contemplation).
C’est donc, au-delà du roman historique, le portrait d’une très belle âme que nous dresse ici Susan Fletcher, une âme qui n’est qu’amour, tolérance, bonté et innocence. Le personnage de Corrag pourrait énerver ou mettre mal à l’aise tant il semble moralement parfait. Pourtant, dès le départ, on se glisse dans la tête et la peau de cette héroïne avec une facilité déconcertante. Corrag est terriblement attachante. Parce qu’elle a vécu des choses atroces, parce qu’elle en parle sans donner l’impression de s’en plaindre, mais qu’elle ne tend pas non plus l’autre joue. Ce n’est pas une sainte ou une martyre, supportant stoïquement la peine vécue au cours de sa vie terrestre, convaincue que la qualité de son séjour éternel dépende de ses actions quotidiennes. La jeune fille n’est pas chrétienne. Elle s’est construit sa propre religion, ses propres croyances, que l’on pourrait qualifier de païennes et d’animistes. Autant que possible, Corrag a tenté de fuir la douleur, de trouver le bonheur. Et elle le trouve partout, malgré les malheurs qui la frappent de plein fouet. Elle aime la vie, se contentant de petites choses simples qui lui paraissent grandioses. Elle puise son bien-être et ses forces dans la beauté de la nature et des âmes humaines, qui toutes ne sont pas mauvaises, en portant sur le monde un regard très contemplatif. Un regard de sorcière ?

Note :
Vous pourrez prochainement retrouver cette critique sur le blog http://lilleauxlivres.wordpress.com/, club de lecture lillois pour lequel je quitte de temps en temps ma grotte enfumée afin de partager d’oniriques lectures. N’hésitez pas à y faire un saut, il y a plein de critiques de livres qui n’attendent que d’être dévorés !
Les Gardiens de la galaxie 
film réalisé par James Gunn

Résumé :
Star-Lord est un mercenaire, élevé par une bande de hors-la-loi nommés les Ravageurs. En volant un orbe aux pouvoirs aussi démesurés que méconnus, il devient la cible des extraterrestres les plus puissants de la galaxie.
Gamora est la fille adoptive de Thanos, un Titan machiavélique qui l’a enlevée à sa famille, puis transformée en véritable machine de guerre. Elle est chargée de récupérer l’orbe pour le compte de Ronan, un être surpuissant et dangereux.
Rocket est un raton laveur. Après avoir été victime d’expériences génétiques, il s’est retrouvé doué de parole et d’une intelligence humaine particulièrement développée. Fine gâchette et féru de technologies, Rocket s’est associé à Groot, un arbre humanoïde au vocabulaire assez pauvre mais à la force surhumaine et aux capacités régénératrices quasi infinies. Tous deux sont aux trousses de Star-Lord, dans l’espoir d’empocher la prime conséquente dont ce dernier fait l’objet.
Drax le Destructeur, un hercule au corps couvert de tatouages et à l’intellect un peu lent, ne rêve que de venger la mort de sa femme et de sa fille, tuées par Ronan.
Ces cinq-là ne se sont encore jamais rencontrés. Et ils n’ont à vrai dire rien en commun. Mais un séjour en prison va les forcer à se rapprocher. Ensemble, ils vont devoir s’unir pour s’évader. Ensemble, ils vont peut-être sauver la galaxie…


Critique (attention, spoilers) :
Un blockbuster complètement déjanté qui mérite qu’on lui prête attention. Adapté de séries de comics Marvel du même nom, Les Gardiens de la galaxie semble pourtant plus proche, dans l’esprit et dans l’esthétique, du space opera que des histoires de super-héros. Ce film fleure bon la première trilogie de Star Wars (par « première trilogie », entendez d’un point de vue chronologique dans l’histoire du cinéma, c’est-à-dire celle débutée en 1977). Un petit air qu’on retrouve avec plaisir et nostalgie, qui n’est peut-être pas étranger à la bande-son volontairement rétro, partiellement rythmé par la musique pop des années 80.
L’humour est subtil, les répliques inspirées, les scènes enlevées.
L’univers est suffisamment riche pour qu’on ait envie de le creuser. Trop riche, peut-être. Lorsqu’on ne connaît pas les comics, le début semble un peu flou. Dès les premières séquences, on doit se familiariser avec, en plus des héros, nombre de personnages. Les relations qui les unissent ne nous apparaissent que petit à petit, ce qui peut gêner la compréhension de certaines scènes d’introduction. Mais mieux vaut trop que pas assez, n’est-ce pas ?
Évidemment, une suite est prévue, qui devrait expliciter le cross-over avec les Avengers. Car, oui, il y a bien un lien dans les comics, mais… chhh !
Alors, à quand le deuxième volet ?