Les Mystères de Yoshiwara
de Matsui Kesako (éditions Philippe Picquier)
Résumé :
Bienvenue à Yoshiwara,
le quartier des plaisirs d’Edo. Dans ce vaste théâtre, strictement codifié,
évolue toute une foule de personnages hauts en couleur. Ici, pas de place pour
les fainéants : chacun a son rôle à jouer – un rôle bien spécifique –
et veille à la bonne marche de la communauté, consacrée au plaisir de ses
visiteurs.
Lieu
public par excellence, Yoshiwara n’est pourtant pas dépourvu de mystères. Car,
au-delà des exubérances quotidiennes, du charme et des beaux atours, au-delà
même des apparences clinquantes, un secret est bien gardé. Sillonnant dans ce
quartier de la chair, un homme enquête. Dame Katsuragi, l’une des courtisanes
les plus prisées du quartier, joyau de la maison de l’Oiseau blanc, a disparu
dans des circonstances étranges qui n’ont pas été élucidées. À Yoshiwara, le
silence est de mise. Mais, à Yoshiwara plus que partout ailleurs, les ragots vont
bon train…
Critique
(attention, spoilers) :
Dépaysant, ce
roman l’est à plus d’un titre. D’abord par son cadre historique, l’intrigue se
déroulant dans le Japon, encore très féodal, du début du xixe siècle. Puis par
son cadre social : Yoshiwara, le quartier des plaisirs d’Edo (actuelle
ville de Tôkyô). Enfin, par sa forme littéraire même, chaque chapitre
n’étant qu’un monologue truculent, plein de verve et de digressions, parfois
émouvantes mais surtout cocasses. Jusqu’à la toute fin du livre, nous ne savons
rien du personnage principal, celui qui mène l’enquête (si ce n’est qu’il est
jeune et bien fait de sa personne, ce qui semble naturellement lui attirer les
confidences). Cet homme ne prend jamais la parole : les personnages qu’il
interroge font eux-mêmes les questions et les réponses et répètent les
propos de l’enquêteur lorsque la compréhension du lecteur l’exige. Petit à
petit, en même temps que se dessine, sous nos yeux, la vie du petit peuple de
Yoshiwara, et que se précisent les codes, les règles et le fonctionnement du
quartier, se dresse le portrait de la grande Katsuragi, « courtisane sur
rendez-vous ».
Une femme
exceptionnelle au destin atypique, qui méritait bien de s’animer sous la plume tout
à la fois inventive, originale et méticuleuse de Matsui Kesako.
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