John Wick
film réalisé par David Leitch et Chad Stahelski
Résumé :
John
Wick vient de perdre sa femme des suites d’un cancer. Alors qu’il se morfond
chez lui, un livreur lui remet un chiot, Daisy, accompagné d’un message. Il
s’agit des dernières dispositions prises par son épouse avant de mourir, pour
ne pas le laisser seul avec son chagrin. Une lueur d’espoir au bout du tunnel
sombre creusé par la maladie.
Malheureusement,
deux nuits plus tard, le fils d’un ponte de la mafia locale, Iosef Tarasov, le
passe à tabac, lui vole sa voiture (une Mustang 69), et tue son chien. John
Wick décide alors de reprendre du service. Et les bas-fonds de la ville
s’agitent, se préparant au pire. Car John Wick, que l’on surnommait « Baba
Yaga » avant sa retraite anticipée, était le tueur à gages le plus redouté
de sa catégorie…
Critique (attention, spoilers) :
En
dépit d’une trame assez peu originale (un redoutable tueur raccroche pour une
femme et se venge impitoyablement après sa mort), David Leitch et Chad
Stahelski signent ici un film d’action survitaminé qui fait du bien au moral et
exploite avec humour les codes du genre. La bande-son enlevée soutient d’ailleurs
efficacement le ton ironique du film (je pense notamment au bruit amplifié des
pas de John Wick lorsque celui-ci apparaît en contre-plongée dans les
escaliers, clin d’œil aux films d’horreur – Attention
les enfants, Baba Yaga arrive…).
Certes,
la première réalisation des deux anciens cascadeurs n’échappe pas au stéréotype
du héros tout-puissant et, comme souvent dans ce genre de films, on ne comprend
pas bien : 1) pourquoi il ne se défend pas davantage lorsque Iosef Tarasov
et ses sbires l’attaquent chez lui et maltraitent son chiot ; et 2) pourquoi
les méchants ne tuent pas rapidement John Wick quand ils en ont l’occasion
(pour ne citer qu’un exemple, lorsque notre justicier impitoyable est fait
prisonnier par le père de Iosef et que ce dernier discute tranquillement avec
lui au lieu de lui tirer une balle en pleine tête…). Bien sûr, on peut
alléguer, pour le petit 1), que John Wick est trop surpris, lui qui n’a pas
fait couler le sang après quatre ans d’abstinence due à son mariage, et, pour
le petit 2), que les méchants ont trop de respect pour le légendaire John Wick
– qui force leur admiration – pour le tuer quand la situation le rend
vulnérable. Mais ces justifications ne satisferont que les fans purs et durs,
je le crains.
Nonobstant,
porté par un manichéisme parfaitement assumé, John Wick est tout simplement jouissif. À la fin du film, justice
est faite ! D’ailleurs, les méchants sont de tels salopards que vous
adorerez les détester. Quant à Keanu Reeves, il est fidèle à lui-même dans ce
rôle de vengeur sauvage et désabusé.
Autre
point intéressant : loin des scènes spectaculaires de Matrix devenues un peu trop présentes aujourd’hui dans les films
d’action, le long-métrage de David Leitch et Chad Stahelski marque le retour
d’un style de combat épuré, plus réaliste, où chaque coup est mortel et la
survie dans l’économie. Exit, donc,
les combats au corps-à-corps qui durent des heures. Et, quand les adversaires
s’empoignent à bras-le-corps, ils ne s’envoient pas voler à dix mètres du sol.
Les lois de la gravité sont respectées et on y croit d’autant plus.
Enfin,
les cœurs tendres ne seront pas insensibles à la symbolique du chiot. Car, si
l’étincelle d’espoir s’éteint dans l’introduction avec la mort de la frêle Daisy,
elle se rallume dans la dernière scène avec l’adoption d’un nouveau chiot, né
pour devenir un molosse, celui-là. Ainsi, John Wick rend hommage à sa femme
tout en se réconciliant avec sa nature sauvage qu’il avait abandonnée aux côtés
de sa douce épouse, s’ouvrant à une troisième existence, sans doute plus en
adéquation avec son véritable tempérament.
C’est
sûr, John Wick ne révolutionne pas le
genre. Mais il fait très plaisir à voir après une dure journée de boulot où
vous avez l’impression que la Terre entière vous en veut : John Wick se
défoule et vous avec !
Alors, que
demander de plus ?
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