Bienvenue sur ces rivages oniriques !

Bienvenue sur ces rivages oniriques !

Rivages oniriques est un blog consacré aux cultures de l’Imaginaire (fantasy, fantastique, science-fiction) et aux cultures de genre (historique, thriller, épouvante…).

Vous y trouverez donc de nombreuses chroniques littéraires, mais aussi des critiques de films, de séries télévisées, d’expositions… et bien d’autres choses encore, toutes liées, de près ou de loin, à ces genres qui nous font rêver, vibrer, cauchemarder, et nous aventurer loin du territoire familier de notre quotidien.

Nous espérons que vous serez nombreux à nous rendre visite.

Et, surtout, n’hésitez pas à laisser une trace de votre passage, à donner vous-mêmes vos avis ou vos conseils de lecture, de visionnage, d’écoute ou d’incursion…

Très bonne visite !

mercredi 13 août 2014

Maléfique
film réalisé par Robert Stromberg

Résumé :
Il était une fois un royaume lointain, baignant dans la paix et la prospérité. Le couple royal qui le gouvernait était bon pour son peuple, mais il était triste car il ne parvenait pas à avoir d’enfants. Jusqu’au jour où la reine accoucha d’une ravissante petite fille. Une grande cérémonie fut donnée en l’honneur de ce bébé tant espéré. Tous les notables du royaume furent invités. Les fées elles-mêmes furent conviées à se pencher sur le berceau. Mais l’une d’entre elles avait été oubliée. La grande, l’odieuse, l’ignoble Maléfiq…
Ah non, c’est pas le bon script… ça, c’est le dessin animé de 1959. Mais où est passé notre film ? Ah, le voilà. Mmh, je reprends.
Il était une fois deux peuples antagonistes : le peuple des hommes et celui de la féerie. Mais que connaissent des conflits les enfants ? Un petit d’homme pénétra dans le royaume de féerie pour y voler une pierre précieuse… et c’est le cœur de la pétillante Maléfique, une jeune fée malicieuse, qu’il ravit. Les deux êtres que tout séparait grandirent dans l’amitié, puis l’amour, respectant leurs différences à l’abri de la brutalité du monde des hommes. Mais l’ambition et la cupidité du jeune voleur mirent un terme à leur complicité. Pour devenir roi, ce dernier endormit Maléfique par traîtrise et l’amputa de ses ailes.
À son réveil, Maléfique, pétrie de douleur, sombra dans une haine dévastatrice dont rien ne semblait pouvoir la sauver…


Critique (attention, spoilers) :
Maléfique est un petit bijou d’humour et de stéréotypes retournés comme des gants pour le plus grand plaisir des petits et des grands. Angelina Jolie est lumineuse au cœur de la noirceur de son personnage, lui insufflant une humanité et une vulnérabilité touchantes. Mais les acteurs qui l’entourent ne sont pas en reste. Pour ne citer qu’eux, Sharlto Copley, l’inoubliable Wikus van der Merwe de District 9 (ne serait-ce que pour son nom imprononçable) et Elle Fanning, étoile montante à Hollywood, emplissent le film de leur présence dans les rôles respectifs du roi Stéphane et de la princesse Aurore.
Pendant longtemps, malgré son succès littéraire, la fantasy portée à l’écran n’a guère donné de beaux fruits, hormis quelques rares exceptions parmi lesquelles les adaptations cinématographiques du Seigneur des anneaux et de Bilbo le Hobbit par Peter Jackson. Néanmoins, on a pu voir ces dernières années fleurir de surprenantes réussites, notamment grâce à la révision des contes de fées, comme Blanche Neige et le chasseur (malgré quelques défauts), mais surtout la série télévisée Once upon a time et à présent Maléfique.
Cette réécriture audiovisuelle de La Belle au bois dormant s’écarte radicalement des versions littéraires des frères Grimm et de Charles Perrault, tout comme elle prend volontairement le contre-pied du dessin animé Disney de 1959. On y retrouve bien sûr les scènes clés (le lancement du mauvais sort, l’édification de la muraille d’épines, la rencontre du prince et de la princesse, la plongée de cette dernière dans un sommeil profond…) mais vues sous un jour totalement nouveau. Ici, ce sont les humains qui ont le mauvais rôle. Guidés par un roi avide de pouvoir et sans merci, ils se montrent impitoyables envers les membres du petit peuple.
On pourrait presque voir dans ce film un retour aux sources du merveilleux, du temps où ce dernier, païen, n’avait pas encore revêtu ses atours chrétiens. Voire observer, dans la lutte qui oppose les hommes à la féerie, une métaphore (probablement inconsciente) du combat livré par l’Église contre les folklores indigènes pour les étouffer, ou tout au moins les acculturer. Un combat que la fantasy reprend souvent au nom du merveilleux païen, comme une tentative désespérée de changer l’issue de cette bataille qui, dans l’histoire, fut moins heureuse pour les êtres féeriques.
Ce qui est sûr, c’est que cette nouvelle version de La Belle au bois dormant brise en mille éclats le mythe du true love kiss, largement diffusé par l’industrie Disney elle-même, pour le reforger de manière assez inattendue.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire