Laissons la parole à...
Jonathan Bousmar
(illustrateur indépendant)
Né en 1981 à Bruxelles, Jonathan Bousmar
a suivi des études à l’École de recherche graphique de Bruxelles (ERG). Il n’y
a qu’à l’observer dessiner pour
tuer le temps sur les salons, comme au
Salon du livre de Paris sur le stand d’Alzabane (éditeur spécialisé en
littérature pour la jeunesse), pour comprendre que cet illustrateur belge a de
l’or dans les doigts, dans son crayon, sa plume et son pinceau !
Après
s’être consacré pendant quelques années au métier d’illustrateur, Jonathan,
aujourd’hui père de famille, continue d’inventer des personnages grotesques et
loufoques tout en enseignant la technologie aux élèves de l’Institut de La
Providence de Woluwe-Saint-Lambert à Bruxelles.
Comment
te définirais-tu en trois dates clés ?
J’ai
terminé mes études en 2007,
après avoir obtenu ma licence d’art visuel à l’ERG ainsi que mon agrégation,
c’est-à-dire, en Belgique, un certificat d’aptitude pédagogique pour devenir
professeur de lycée. J’ai alors pu commencer divers projets personnels et
professionnels.
En 2009, les éditions Alzabane m’ont
proposé mon premier projet d’illustration pour un éditeur. Il s’agissait des Maîtres parleurs, de Jean-Sébastien
Blanck. Ce fut le premier d’une longue série puisque j’ai illustré à ce jour
cinq romans pour Alzabane : Chronique
du bon roi Philibert (2009), Des
étonnantes aventures de Renart et de son compère Ysengrin (2010), Le lion qui ne savait pas chasser (mais qui
devint roi) (2011) et L’Histoire des
admirables Don Quichotte et Sancho Pança (2014).
Et puis en 2012 est arrivé… mon fils, sonnant le
glas de toutes mes ambitions artistiques. Pour le moment…
Quelle
est ta vision du métier d’illustrateur ?
C’est un métier formidable. C’est
passionnant de mettre en images ses idées, de laisser parler son imagination.
Malheureusement, c’est un travail souvent solitaire.
Combien
d’heures par semaine passes-tu à dessiner ?
Avant, je ne comptais pas mes
heures. Pour un livre, je passais 10 à 12 heures par jour,
7 jours sur 7, à dessiner ou à me documenter. Et, ça, sur une période
de 3 mois. À présent, je ne consacre plus au dessin qu’une demi-heure le
soir.
Tu
as illustré plusieurs romans des éditions Alzabane. Quelles sont tes autres
collaborations ?
J’ai travaillé sur divers
projets, très variés : j’ai réalisé des illustrations pour l’animation et
des cartes postales, j’ai conçu des logos, des images publicitaires pour des
enseignes d’entreprise… J’ai même créé des motifs de tapis pour la société
Didden & C°.
Comment
travailles-tu ? Le processus de création est-il le même d’un éditeur à un
autre ?
Alzabane est le seul éditeur pour
lequel je travaille, donc je ne sais pas vraiment comment fonctionnent les
autres. Pour ma part, j’essaie de coller au plus près de l’idée de l’éditeur ou
du commanditaire. Ensuite, j’apporte ma valeur ajoutée en laissant parler mon
imagination.
Tes
illustrations semblent lorgner du côté des œuvres des peintres flamands, tels Bruegel
l’Ancien et Jérôme Bosch, et s’accommodent parfois d’une pointe de steampunk.
Est-ce que tu approuverais cette filiation ?
Tout à fait. Je m’inspire
également du street art, des jeux
vidéo, ou encore des films d’horreur pour certains dessins. Je suis influencé
par tout ce qui m’entoure… les gens que je rencontre, les paysages, mon environnement
immédiat*… Pour les artistes, je suis en effet surtout influencé par les
classiques : Pieter Bruegel, Jérôme Bosch, Gustave Doré, Honoré Daumier…
Quels
sont tes projets d’illustration à venir ?
Les éditions Alzabane m’ont
proposé deux autres projets : l’illustration d’une adaptation de Pinocchio et une collaboration sur un
autre roman dont je ne connais pas encore le titre.
Y
a-t-il un genre ou un support que tu aimerais illustrer et auquel tu n’as pas
encore eu l’occasion de te consacrer ?
Les objets
en 3D. J’aimerais voir mes personnages sous forme de maquette et créer des
univers en diorama. Mais cela demande du temps et de la patience. J’ai la
patience, mais pas le temps.
Propos recueillis par Troglodyte onirique
Pour en savoir plus sur le travail de Jonathan, n’hésitez pas à lui rendre visite sur son site internet : http://www.jonathanbousmar.be/
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* Lorsque j’ai rencontré Jonathan en dédicace sur le Salon du livre de Paris, au Parc des expositions de la Porte de Versailles, il était en train de dessiner de curieux personnages naviguant dans les airs. Je lui ai demandé d’où lui était venue l’idée. Et savez-vous ce qu’il m’a répondu ? Des toilettes ! Dans les toilettes du Salon, les murs étaient ornés de nuages et de personnages qui planent. Comme quoi, l’inspiration peut vraiment frapper partout…