Bienvenue sur ces rivages oniriques !

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Rivages oniriques est un blog consacré aux cultures de l’Imaginaire (fantasy, fantastique, science-fiction) et aux cultures de genre (historique, thriller, épouvante…).

Vous y trouverez donc de nombreuses chroniques littéraires, mais aussi des critiques de films, de séries télévisées, d’expositions… et bien d’autres choses encore, toutes liées, de près ou de loin, à ces genres qui nous font rêver, vibrer, cauchemarder, et nous aventurer loin du territoire familier de notre quotidien.

Nous espérons que vous serez nombreux à nous rendre visite.

Et, surtout, n’hésitez pas à laisser une trace de votre passage, à donner vous-mêmes vos avis ou vos conseils de lecture, de visionnage, d’écoute ou d’incursion…

Très bonne visite !

jeudi 15 octobre 2015

Danny Elfman’s Music from the Films of Tim Burton 
Le Grand Rex – Paris

Présentation :
Beetlejuice, Mars Attacks!, Les Noces funèbres, Edward aux mains d’argent, L’Étrange Noël de Monsieur Jack… tout le monde connaît ces films de Tim Burton, qui sont devenus de grands classiques. Mais que seraient ces longs-métrages sans l’inoubliable musique du compositeur fétiche de Burton, Danny Elfman ?


Critique (attention, spoilers) :
À la question « Trick or Treat? », ce concert est la réponse que nous n’aurions osé espérer.
À l’occasion des 30 ans du cinéma de Tim Burton, la société Overlook Events s’est associée à l’orchestre et au chœur Lamoureux, dirigés par John Mauceri, pour nous offrir, à trois semaines d’Halloween, un concert des meilleures musiques des films du réalisateur nés de sa fructueuse collaboration avec Danny Elfman.
Le concert dure environ trois heures pendant lesquelles vous n’avez pas le temps de vous ennuyer ! L’orchestre et le chœur sont surplombés d’un écran géant où défilent alternativement croquis et dessins préparatoires du grand Tim, extraits de ses films, et bien sûr retransmission en direct des principaux acteurs sur la scène : chef d’orchestre, solos,… À la moitié de chaque morceau, des pauses sont quand même générées à l’écran pour vous laisser embrasser de vos propres yeux l’ensemble des musiciens et choristes.
Au cours de la seconde partie, une jeune violoniste virtuose, Sandy Cameron, réalise une prouesse musicale qui ravit les mélomanes (et fait grincer des dents les spectateurs n’appréciant pas les sanglots aigus et déchirants du violon… personne n’est parfait !).
Mais le clou du spectacle reste la présence charismatique de Danny Elfman, qui prêtait déjà sa voix au personnage de Jack dans le film L’Étrange Noël de Monsieur Jack. Le compositeur interprète, pour le final, avec beaucoup de prestance et d’humour, quelques chansons choisies, et il nous offre un grand moment de complicité avec le chef d’orchestre, John Mauceri.
Soulignons enfin que Le Grand Rex, avec son décor de théâtre et sa voûte étoilée, est le cadre idéal pour cette plongée dans l’horreur fascinante et fantaisiste du tandem Burton-Elfman.
Épouvantablement magique… ou magiquement épouvantable… à vous de choisir la conclusion !

Programme :
Charlie et la chocolaterie
Pee-Wee’s Big Adventure
Beetlejuice
Sleepy Hollow
Mars Attacks!
Big Fish
Batman / Batman : Le Défi
Entracte
La Planète des singes
Les Noces funèbres
Dark Shadows
Frankenweenie
Edward aux mains d’argent
L’Étrange Noël de Monsieur Jack
Alice au pays des merveilles


Informations techniques :
Dates :
Samedi 10 octobre 2015 : 17 h – 21 h 30
Dimanche 11 octobre 2015 : 17 h
Lundi 12 octobre 2015 : 20 h
Lieu :
Le Grand Rex, Paris
Tarif plein :
Entre 40 € et 219 €
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site internet d’Overlook Events :              

Note :
Le seul bémol de ce concert (il en faut bien un !) est le peu de dates prévu à Paris (quatre concerts en tout et pour tout dispensés sur trois jours consécutifs).
Mais, si vous l’avez manqué et que vous êtes aussi un fan des films de Steven Spielberg, vous pourrez vous consoler avec le concert des musiques des films du réalisateur composées par John Williams, qui aura lieu en avril 2016.

vendredi 2 octobre 2015

Julia 
de Peter Straub (éditions Bragelonne)


Résumé :
Un an après avoir perdu sa fille dans un tragique accident, Julia quitte son mari, un avocat charismatique et tyrannique. Sur une impulsion, elle achète une maison ancienne où elle pense pouvoir panser ses plaies et retrouver sa sérénité perdue. Mais, très vite, l’atmosphère de la maison devient oppressante. Julia entend des bruits insolites. Elle éteint sans cesse les radiateurs qui semblent se mettre en marche tout seuls. Et elle fait la rencontre d’une drôle de petite fille qui ressemble étrangement à Kate, son enfant disparue.
Et si son nouveau refuge n’en était pas un ?
Après tout, peut-être que Julia n’a pas atterri ici par hasard…


Critique (attention, spoilers) :
Classique au premier abord, cette histoire de fantômes, publiée pour la première fois en 1975 aux États-Unis, s’avère très vite complexe et particulièrement prenante.
Le personnage principal, Julia, est tellement effacé, naïf et distrait qu’il semble bien trop fade, au départ, pour éveiller l’intérêt du lecteur. Et pourtant… Il se concentre peu à peu autour de Julia tant de phénomènes étranges, comme si elle agissait en catalyseur, et elle y semble si réceptive que l’on comprend rapidement qu’elle n’est pas un personnage ordinaire. Elle n’apparaît alors plus si insipide… et vous vous surprenez à suivre son incroyable histoire les nerfs à vif et les dents serrées !
Toutes les ficelles de la ghost story, élaborées de main de maître par les Anglo-Saxons, sont là : maison qui semble hantée par un esprit maléfique, médium terrifiée à la perception d’ondes émanant de ladite maison, sensations angoissantes d’une présence invisible, appareils ménagers qui se mettent en route tout seuls, objets qui disparaissent ou qui tombent avec fracas dans le noir, apparitions entraperçues du coin de l’œil dans les miroirs, meurtres violents dont l’assassin reste anonyme et insaisissable… Tous ces phénomènes en apparence paranormale ne le sont pas forcément, l’intrigue apportant une explication rationnelle à certains. Quant aux autres…
À la manière de Henry James dans son Tour d’écrou, dont on ressent l’influence (parmi de nombreuses sources d’inspiration) sur Peter Straub, ce dernier a préféré la tension psychologique croissante aux images gore (quoique quelques scènes soient assez démonstratives, comme l’instant où la petite fille blonde décapite un oiseau en le coinçant dans les roues d’un vélo qu’elle fait rouler au sol) ou exhibant trop clairement un événement surnaturel estampillé comme tel. Le thème de la démence est d’ailleurs omniprésent. Tous les personnages comportent leur lot de folie et d’ambiguïté, à commencer par Julia elle-même.
Rapidement, on comprend que la jeune femme, riche d’une fortune léguée par sa lignée paternelle, en grande partie acquise de façon brutale et sanglante, est une proie pour son mari, pour sa belle-sœur qui prétend la protéger alors qu’elle n’a d’autres intérêts que ceux de son frère, Magnus, l’époux de Julia, ou encore pour Marc, le beau-frère au « visage de loup déguisé en agneau » (p. 164). Tous en veulent à sa fortune, et Julia le comprend à un certain niveau de conscience. Aucun moyen pour s’octroyer une part de son gâteau ne les rebute, pas même celui de faire passer la belle nantie pour mentalement instable.
Néanmoins, tous, à un moment ou à un autre, ont la sensation que la maison de Julia est bien hantée par un esprit vengeur. Mais tous, encore, semblent plonger dans une obsession malsaine confinant à la folie, qui les fait douter de la fiabilité de leurs sens. Julia ne fait pas exception, elle qui, traumatisée par la mort de sa fille et broyée par un sentiment de culpabilité insurmontable, présente un comportement de plus en plus névrotique et se demande même à plusieurs reprises, du moins pendant un temps, si elle n’a pas accompli elle-même ce qu’elle prend pour les exactions du fantôme.
Car, dans la lignée du roman gothique, Julia a pour thème principal le poids du passé et des souvenirs qui ne se laissent pas oublier, venant à dévorer le présent. Le passé de Julia est marqué par la trachéotomie manquée qu’elle a effectuée sur sa fille, Kate, alors que cette dernière était en train de s’étouffer avec un morceau de viande. Cette tragédie n’a pas fini de torturer Julia et son présent en porte encore les stigmates. Mais, surtout, cet accident entre en résonance avec un autre drame, plus ancien, qui a entaché à jamais la maison achetée par la jeune femme. Et c’est de ces deux événements issus du passé que va naître l’horreur, une horreur chaotique difficile à circonscrire au surnaturel ou au contraire à la simple théorie de la folie autodestructrice de l’héroïne.
Selon certains critiques dont le King de l’épouvante lui-même (Stephen de son petit nom), Julia, bien que ce roman soit diablement efficace, n’était qu’un coup d’essai pour Peter Straub, qui a signé son chef-d’œuvre en la qualité de Ghost Story, publié quatre ans plus tard aux États-Unis, en 1979.
Alors, si vous avez déjà lu Julia, rassurez-vous : vous n’avez pas fini de trembler…