Le Bois de Merlin
de Robert Holdstock (éditions Mnémos)
Résumé :
Brocéliande… terre de légendes, refuge sylvestre des charmes anciens, tombeau vivant de Merlin
trahi par la belle Viviane…
Dans ce lieu
chargé d’histoire, il ne viendrait à l’idée d’aucun natif de mettre en doute la
magie qui émane de cette forêt millénaire. De génération en génération, les
enfants sont les témoins émerveillés du passage des fantômes. Les esprits des
morts continuent de déambuler sur les chemins qu’ils empruntaient de leur
vivant, et les enfants du pays dansent au milieu de leur silhouette éthérée. Adultes,
ils deviennent aveugles aux spectres, mais ils retrouvent dans leurs propres
enfants un peu de ce don qu’ils ont perdu.
À la mort de sa
mère, Martin revient sur sa terre natale. Contre l’avis de la défunte, il
décide de rester dans le domaine familial pour y fonder sa propre famille.
Mais que
représentent les désirs d’un homme face à deux volontés de fer plusieurs fois
centenaires ?
Critique
(attention, spoilers) :
Difficile de
conseiller ce livre car son histoire est assez insaisissable… En quelques
mots : il plaira ou ne plaira pas.
Le
Bois de Merlin
est une intrigue empreinte de mythologie celtique qui se situe à la croisée des
genres. C’est un roman de fantasy qui confine au roman fantastique et
d’épouvante à certains égards.
De nombreux
critiques le présentent comme une réécriture arthurienne… cette vision est
assez simpliste. Si Le Bois de Merlin
évoque bien entendu la légende de Merlin et Viviane, ce n’est pas directement
dans la matière arthurienne que Robert Holdstock a puisé son inspiration, mais
dans les mythes et légendes préarthuriens, des récits celtiques primitifs qui
ont servi de base aux contes des chevaliers de la Table ronde.
C’est peut-être
aussi pour cela que Le Bois de Merlin
laisse en bouche, après lecture, un arrière-goût qui rend perplexe et insatisfait.
On croyait arriver en terrain familier, et on s’est retrouvé à s’enliser dans
des références que l’on ne maîtrise pas du tout.
L’intrigue est pourtant
originale et le style n’est pas dénué d’onirisme et de féerie. Les personnages
sont intéressants et complexes, mais le récit est curieusement contemplatif et
on ne parvient pas à s’attacher aux protagonistes. Quant à la narration, elle
est plutôt déroutante : classique au milieu, elle se constitue, au début
et surtout à la fin du roman, par les récits de certains personnages qui
viennent nous éclairer sur la magie qui règne dans cette Brocéliande holdstockienne.
Pour certains lecteurs, ces récits alourdiront l’histoire qui deviendra moins
vivante et un brin artificielle. Mais, pour ceux qui aiment les romans à
tiroirs, Le Bois de Merlin est plutôt
adapté.
Reste que Robert
Holdstock a été, jusqu’à sa mort en 2009, à 61 ans, un auteur prolifique
surtout connu pour ce qui est considéré comme son chef d’œuvre, La Forêt des Mythagos. Alors peut-être
est-ce par ce cycle qu’il vaut mieux s’initier à son art…