ChessTomb
de John Ethan Py (éditions de l’Homme sans nom)
Résumé :
2001, Chesstomb, Massachusetts. Une famille entière est massacrée dans des circonstances étranges. Un homme, Shelby Williams, journaliste d’investigation renommé, est dépêché sur les lieux pour retracer les événements. Mais la ville de Chesstomb n’est paisible qu’en apparence. Plus le chroniqueur s’entête à gratter la surface, plus il déterre de sombres secrets qui n’auraient jamais dû être révélés…
Critique (attention, spoilers) :
Quel rapport entre René Descartes, le philosophe français, et H. P. Lovecraft, l’auteur américain célèbre pour ses récits d’horreur et notamment son mythe de Cthulhu ? Ne cherchez pas plus loin la réponse, elle se trouve dans ChessTomb, le deuxième roman de Sébastien Péguin, alias John Ethan Py.
Ce dernier signe avec ce titre un roman à tiroirs immersif qui plonge ses racines dans le passé sanglant de la fictive ville de Chesstomb. Si la richesse de l’histoire nous perd un peu parfois, à la fin du livre, toutes les pièces du puzzle s’imbriquent parfaitement les unes dans les autres et l’on comprend mieux les tenants et les aboutissants de l’affaire.
Roman à tiroirs donc, mais également roman à plusieurs voix, qui se compose de différents témoignages archivés : extraits de journaux intimes, de correspondances, d’articles de presse, de retranscriptions écrites d’interviews filmées, etc.
Le livre entier, qui se présente non comme un véritable roman mais comme une mise en forme structurée de documents « authentiques » disparates reliés à la même affaire sordide, offre une mise en abyme littéraire étourdissante qui mêle étroitement les fils de la réalité et de la fiction au point qu’il devient difficile de distinguer le vrai du faux. Mais, si vous avez lu le premier roman de Sébastien Péguin, Le Songe d’Adam, vous savez que c’est là sa marque de fabrique…
|
John Ethan Py, Salon fantastique, 1er novembre 2014
(© Sébastien Péguin)
|
Les multiples références (un peu trop explicites, parfois) aux grands auteurs d’épouvante anglo-saxons démontrent que l’écrivain cherche à s’insérer dans la lignée des maîtres du genre. Certes, Sébastien Péguin revisite avec beaucoup d’originalité les thèmes explorés par ses aînés (Le Songe d’Adam rendait, entre autres, hommage à Simetierre, de Stephen King, tandis que ChessTomb est une révérence marquée à H. P. Lovecraft et à son Herbert West, réanimateur), mais on espère qu’il s’affranchira par la suite de ces modèles pour laisser son imaginaire – bien vivace, cela ne fait aucun doute – sortir de l’ombre des grandes figures de la peur.
Pour autant, face à un Sire Cédric qui réutilise les mêmes ficelles de livre en livre et qui semble de moins en moins inspiré, Sébastien Péguin, alias John Ethan Py, apporte une bouffée d’air frais au genre… enfin, un air frais un peu vicié, comme savent le produire les bons épouvanteurs…
Alors, Sébastien Péguin, le nouveau masque de l’horreur français ?