Le Miroir de Peter
de John Ethan Py (éditions de l’Homme sans nom)
Résumé :
Satiajit Wilcox se voit proposer une opportunité professionnelle peu commune : faire la psychanalyse de George Mothershield, un romancier d’horreur aux best-sellers régulièrement adaptés au cinéma. À la clé, une somme rondelette et l’entrée garantie dans le cercle très privé d’Hollywood. Une occasion en or ?
Le choix n’est pourtant pas si aisé. L’accord avec les Mothershield exige qu’il vienne habiter en Oregon, à des centaines de kilomètres de son épouse enceinte et enchaînée à son travail. Satiajit accepte pourtant, confiant dans son couple et en l’avenir.
Mais très vite, la situation s’assombrit. L’obsession de George Mothershield, qui visionne certains films en boucle à la recherche d’une image, est communicative. La femme du romancier, Martha, tour à tour éplorée et dominatrice, rend le psychanalyste mal à l’aise. Et cette maison… cette maison, remplie de miroirs et de reflets démultipliés, prend parfois des airs de labyrinthe hanté…
Critique :
Le Miroir de Peter, c’est l’odyssée d’un homme ordinaire embarqué dans une histoire démentielle. Dans ce roman, personne n’est ce qu’il semble être, et la folie qui guette le personnage principal, Satiajit, le rapproche en fin de compte de la vérité. D’une vérité terrible et insoupçonnable.
En plongeant dans la névrose de l’écrivain, Satiajit et le lecteur vont (re)découvrir les grands classiques de la littérature et du cinéma. Des grands classiques qui tous ont un élément en commun : le miroir. Mais pas n’importe quel miroir… un miroir aux origines troubles, qui ouvre sur une autre réalité, sombre et angoissante…
La lecture de ce troisième roman de l’auteur (après Le Songe d’Adam, publié sous le nom de Sébastien Péguin, et ChessTomb) nous révèle une nouvelle facette de John Ethan Py. Ce roman est plus court que les précédents, mais c’est surtout son style qui semble avoir mûri. Il s’est en tout cas épuré, est devenu plus nerveux, plus efficace, davantage dans la veine des thrillers contemporains.
L’intrigue du Miroir de Peter est également plus linéaire, et le rythme s’en retrouve peut-être un peu inégal. Le début intrigue, démarre sur une excellente note avec un chapitre 0 obscur et fascinant (qui s’éclaire d’un nouveau jour quand on le relit après avoir passé le mot « Fin »). Puis il y a une petite baisse de tension : le héros est assez passif dans un premier temps (normal, c’est un psychanalyste…), et le surnaturel est distillé assez lentement jusqu’à la moitié du roman. Mais la seconde partie, et surtout la fin vertigineuse, pleine de retournements de situations, relancent le récit sur les chapeaux de roues. La révélation de la dernière page est glaçante et totalement inattendue.
John Ethan Py a pris le parti de ne pas tout expliquer ou justifier. Quelques points resteront donc dans l’ombre, à charge d’interprétation du lecteur. Pourtant, on sent que l’intrigue est maîtrisée, un peu comme dans les films de David Lynch ou Stanley Kubrick mentionnés par l’auteur, et à qui ce dernier rend de nombreux hommages.
Le pari pouvait sembler risqué, mais le résultat est parfaitement à la hauteur. Alors… attention à la marche... on vous promet une chute vertigineuse !