La Route
de Cormac McCarthy (éditions de l’Olivier)
Résumé :
Dans un pays
dévasté, un père et son fils marchent vers les côtes du Sud, poussés par la
rudesse de l’hiver terrien. Tel du gibier traqué, ils dévorent les kilomètres à
défaut de nourriture, évitant les rares humains ayant survécu à l’apocalypse
qui revêtent la forme de cadavres ou de brigands sans foi ni loi, pilleurs,
violeurs, esclavagistes et cannibales. Rabaissés au rang de bête, père et fils
survivent de menues trouvailles dans des bâtiments abandonnés, un sac à dos sur
le dos et poussant partout un caddie dont le contenu constitue leurs seules
possessions. Ils fuient la neige mêlée de cendre, cette cendre qui recouvre
tout, qui les précède partout…
Critique
(attention, spoilers) :
Que dire de ce
roman qui a reçu le prix Pulitzer en 2007 et a été adapté à l’écran en 2009 par
John Hillcoat ?
Son style est
déroutant de prime abord. Pourtant il colle au plus près de l’histoire, de
l’atmosphère froide et désincarnée que souhaite donner l’auteur. Par un usage
réduit à l’extrême de la ponctuation, remplacée par la conjonction
« et » que l’on peut trouver jusqu’à quatre ou cinq fois dans la même
phrase, par l’emploi assumé de répétitions pour désigner les deux personnages
principaux, par la pénurie de pensées autres que celles directement liées à la
survie, par l’accumulation de descriptions laconiques et purement factuelles,
Cormac McCarthy nous plonge dans un monde sans couleur et sans relief, où la
barbarie l’a emporté sur les valeurs humaines.
Dans ce monde
errent – avec pour seul but ce qui est probablement une illusion, celle
que la vie sera moins difficile dans le Sud – un homme et son fils, reliés
par le lien fort et néanmoins ténu de la survie. Complètement dépersonnalisés,
ces deux personnages que l’on suit tout au long du roman n’ont pas de nom ni de
prénom. L’auteur utilise simplement « l’homme » ou « Papa »
pour le père, « le petit » pour l’enfant. Les dialogues entre eux
sont minimalistes. Peu développés, voire animalisés, tous deux se réduisent à
ce qu’ils sont l’un pour l’autre, à leur rôle de protecteur et de protégé,
comme s’ils étaient les derniers êtres humains sur Terre et que cela seul les
définissait. On ne sait rien non plus de la catastrophe qui a détruit la
civilisation humaine et décimé la faune, hormis les feux qui continuent
d’incendier certaines maisons et la cendre qui tombe et tombe sans fin.
En bref, n’espérez
pas avoir de réponses, La Route est
là pour vous poser les questions.
Le résultat est un roman
qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui dévoile toute l’horreur d’une vie
qui se résume à la simple survie, toute l’horreur de la condition humaine qui
nous fait marcher sur la route, encore et encore, sans savoir ce qu’il y a
ensuite, mais nous empêchant de renoncer. L’enfant surtout ne perd pas espoir
de rencontrer des « gentils ». Et cet espoir qui le porte, encouragé
par son père, le transforme en flambeau vivant, détenteur de certaines valeurs à
une époque où elles n’ont apparemment plus cours.
J'ai bien aimé le film, mais avait toujours trainé les pied pour lire le livre.
RépondreSupprimerMais après lecture de la critique, j'ai très envie de me (re)plonger dans cette histoire!
Tant mieux !
RépondreSupprimerD'autant que le livre se lit très très vite pour peu qu'on se laisse embarquer dans ce "road book" sombre et macabre mais pas totalement dénué d'espoir sans s'arrêter au style froid et désincarné.
Mais tu sais déjà à peu près à quoi t'attendre, puisque tu as vu le film.