Krine : Les Pilleurs de cercueils
de Stéphane Tamaillon (éditions Gründ)
Londres, xixe siècle. Terre d’exil pour des milliers de Grouillants fuyant les persécutions dans leur pays natal. Hector Krine est l’un d’entre eux. Contrairement à certains de ses congénères, il n’a pas quatre bras ni des problèmes d’hyperpilosité à la pleine lune. En revanche, il est souvent assailli d’images mentales au contact des gens. Détective hors pair se refusant à employer ses talents spéciaux pour vivre comme tout le monde, il est chargé d’enquêter sur de mystérieuses disparitions de cadavres dans le cimetière d’Abney Park. L’affaire, rondement menée, s’avérera néanmoins plus complexe qu’il ne l’avait prévu…
Premier tome d’une trilogie, Les Pilleurs de cercueils implante une ambiance gothique à souhait où la fantasy épouse à merveille la grande Histoire. Et pour cause ! Stéphane Tamaillon est spécialiste de cette matière qu’il enseigne, il avait donc bien des prédispositions pour nous offrir une belle intrigue agrémentée d’informations étonnantes sur le Londres victorien.
Mêlant habilement personnages réels et fictifs et s’inspirant des grandes œuvres de la littérature anglo-saxonne du xixe siècle, cet auteur français fait cohabiter avec un étrange succès Mr. Hyde et le Sphinx, Arthur Conan Doyle - le père de Sherlock Holmes - et le professeur Frankenstein accompagné de sa créature, et bien d’autres illustres ou anonymes héros de folklore, de mythologie et de roman. Ajoutez à cela quelques conducteurs de taxis automates, un locotube sillonnant les grandes artères de Londres, et des alambics remplis de produits inconnus, et vous aurez une idée précise de ce qui vous attendra dans les aventures du détective Hector Krine.
Passionné du grand écran, et notamment de la Hammer (société de production spécialisée dans les films d’horreur ayant connu un âge d’or dans les années 80), Stéphane Tamaillon a également su réinjecter dans son roman une esthétique toute cinématographique qui ravira les grands lecteurs nostalgiques et les petits émerveillés.
Le seul bémol ? Les éléments steampunk semblent un peu simplistes au premier abord, n’apparaissant que par petites touches, comme si l’auteur avait seulement voulu donner un effet plutôt que de réellement créer tout un univers fait de machines victoriennes… mais c’est exactement ce que revendique Stéphane Tamaillon, qui lève un peu le voile, en postface, sur le processus de création qui l’a mené à l’écriture des Pilleurs de cercueils : « Les adeptes du steampunk sont souvent pointilleux sur les techniques présentes (machines et Cie). Mon approche est ludique et sans volonté de réalisme scientifique. Il faut y voir davantage un hommage aux fantaisies mécaniques de la série Wild Wild West (Les Mystères de l’Ouest) avec Robert Conrad […], je n’ai pas cherché à coller à un genre en particulier, plutôt à leur emprunter ce qui me plaisait pour l’intégrer à mon propre univers »…
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