Bienvenue sur ces rivages oniriques !

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Rivages oniriques est un blog consacré aux cultures de l’Imaginaire (fantasy, fantastique, science-fiction) et aux cultures de genre (historique, thriller, épouvante…).

Vous y trouverez donc de nombreuses chroniques littéraires, mais aussi des critiques de films, de séries télévisées, d’expositions… et bien d’autres choses encore, toutes liées, de près ou de loin, à ces genres qui nous font rêver, vibrer, cauchemarder, et nous aventurer loin du territoire familier de notre quotidien.

Nous espérons que vous serez nombreux à nous rendre visite.

Et, surtout, n’hésitez pas à laisser une trace de votre passage, à donner vous-mêmes vos avis ou vos conseils de lecture, de visionnage, d’écoute ou d’incursion…

Très bonne visite !

jeudi 12 juin 2014

Le Dieu dans l’ombre 
de Megan Lindholm (Télémaque)

Résumé :
Petite fille introvertie et sauvageonne, Evelyn semble être devenue une jeune femme épanouie. Elle est mariée à un homme dont elle est follement amoureuse et mère d’un garçon de 5 ans qu’elle couve un peu trop. Elle vit dans un chalet en Alaska où elle possède tout ce dont elle a besoin : une famille, des amis, un emploi… et surtout la nature, toute proche.
Mais son bonheur est soudain bouleversé par un séjour chez sa belle-famille, qui semble ne jamais vouloir prendre fin. Evelyn se heurte à l’hostilité de ses beaux-parents, à l’inertie de son mari. Puis elle observe avec horreur son fils devenir l’enjeu de sa défaite.
Mais, dans l’ombre des bois qui entourent la ferme devenue sa prison, une créature surgie de son enfance vient la retrouver. C’est un vieil ami, qu’elle avait presque oublié. L’entraînant dans un voyage fantasmagorique, il va l’aider à renouer avec la forêt, à redécouvrir qui elle est vraiment.


Critique (attention, spoilers) :
Le Dieu dans l’ombre, publié en 1991 aux États-Unis (sous le titre Cloven Hooves, qui signifie « sabots fourchus »), soit quatre ans avant la sortie américaine de L’Assassin royal, porte les prémices des grandes sagas intimistes signées Robin Hobb. Ce récit annonce aussi certains thèmes qui deviendront récurrents dans les œuvres de l’auteure, tels que la relation de l’homme à la nature ou le sens des responsabilités pesant sur les épaules de ses héros comme une sorte de fatalité. Mais c’est aussi un grand roman qui a sa propre valeur, et qui s’éloigne à grands pas de la high fantasy.
Ayant elle-même grandi en Alaska, Megan Lindholm/Robin Hobb sait mieux que personne évoquer les grands espaces sauvages de cet État, sa faune et sa flore d’une richesse souvent intimidante. On pourrait soulever un message écologique dans Le Dieu dans l’ombre (et cela bien avant le battage médiatique qui est aujourd’hui fait à ce sujet), mais ce serait réducteur. L’écrivaine nous livre ici sa propre vision de la place de l’homme dans le monde, qui n’est qu’une créature parmi tant d’autres, ni supérieure ni inférieure. Elle nous fait partager son émerveillement et son respect pour toutes les formes de vie quelles qu’elles soient, sans sensiblerie excessive : l’homme est un prédateur naturel, dont la survie passe aussi par sa consommation de viande.
Le sens du devoir est un autre thème fort du livre. Arrachée à son territoire, jetée dans la famille de son époux où elle est dépréciée, moquée, conspuée, la narratrice se sent néanmoins obligée de rester pour soutenir son mari et sauvegarder l’unité de sa famille. Dans l’espoir de préserver son fils, que ses beaux-parents tentent de retourner contre elle, Evelyn courbe l’échine. Elle est sans cesse tiraillée entre ses responsabilités d’adulte et son désir de rester elle-même. De vivre pleinement sa vie telle qu’elle l’entend, sans avoir à se camoufler derrière un comportement de façade, celui que tous veulent lui voir adopter.
Écrit à la première personne, le récit d’Evelyn nous donne accès à la complexité psychologique de cette femme unique qui a bien du mal à trouver sa place dans la société humaine. N’y parvenant pas vraiment, elle se reporte sur le monde sylvestre qui l’acceptait sans condition lorsqu’elle était enfant. Mais son statut d’humaine lui rappelle qu’elle ne fait pas totalement partie de cet univers, et elle se retrouve seule une fois de plus.
Comme souvent dans les romans de Megan Lindholm, et de son alter ego Robin Hobb, la fin est douce-amère. Ne sommes-nous pas toujours seul, quoi qu’il arrive ? Mais l’espoir subsiste et, à défaut de bonheur, au moins pouvons-nous trouver dans les activités du quotidien la satisfaction d’avoir fait ce qui devait être fait.
En conclusion, Le Dieu dans lombre dynamite le conformisme, le politiquement correct à l’œuvre dans nos sociétés. Certains passages pourront paraître crus, mais ils ne sont jamais gratuits. Les axes de réflexion sont très nombreux, trop pour quon puisse tous les aborder ici. Et cest à mon sens lune des plus grandes qualités de ce roman.

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