Belle Époque
d’Elizabeth Ross (éditions Robert Laffont)
Résumé :
Pour échapper à un
mariage arrangé, Maude Pichon débarque dans le grand Paris de 1889. Sur la rive
gauche se dresse la demoiselle de fer, la tour d’Eiffel, encore en construction
et nourrissant les polémiques. Paris capitale, Paris faste, Paris bonheur… Paris
est le rêve merveilleux de toute provinciale. Mais, sans le sou, Maude voit
rapidement son rêve tomber dans le ruisseau des rues crasseuses. Payer son
loyer et avoir encore suffisamment d’argent pour manger deviennent son lot
quotidien. Le dur métier de lavandière ne lui permettant pas de joindre les
deux bouts, la jeune Bretonne de 16 ans répond à une annonce énigmatique. Pour
le poste qu’on lui propose, elle possède un atout considérable… son physique
insignifiant. L’agence Durandeau ne recrute en effet que des femmes laides ou
d’apparence insipide. Le but : infiltrer ces femmes dans la bonne société,
au service de clientes pour lesquelles elles joueront le rôle de faire-valoir,
de « repoussoir ».
Outrée, Maude
s’interroge. N’a-t-elle rien d’autre que son physique ingrat pour réussir dans
la vie ? Doit-elle vraiment tomber si bas ?
En
dépit de ses réserves, la jeune fille finit par accepter. Pour survivre.
Critique
(attention, spoilers) :
Pour écrire son
roman, Elizabeth Ross s’est inspirée
d’une nouvelle d’Émile Zola, Les
Repoussoirs, d’ailleurs insérée en fin d’ouvrage. On retrouve dans Belle Époque l’ambiance désabusée de la
France du xixe siècle dépeinte
par le journaliste, mais en beaucoup, beaucoup plus optimiste (un peu trop
peut-être, la fin confinant quasiment au conte de fées si on poursuit la
comparaison avec Zola).
D’origine
écossaise, l’auteure a étudié le français à l’université de Glasgow et elle a
effectué de petits boulots en Bretagne et à Paris. D’emblée, j’ai été séduite
par l’idée qu’une Anglo-Saxonne nous aide à découvrir notre propre patrimoine
littéraire et historique. Je dois reconnaître que, sur ce point, je l’attendais
au tournant, mais je n’ai pas trouvé de quoi satisfaire ma mauvaise
langue ! Le roman tient ses promesses et nous fait passer un très bon
moment. L’intrigue est agréable, quoique assez linéaire et prévisible. C’est
avec plaisir qu’on accompagne Maude et qu’on évolue avec elle dans les salons
mondains et autres endroits-où-il-faut-être-vu
recueillant le faste et le luxe du beau Paris. Comme de bien entendu, la jeune
héroïne devra également faire face à l’envers du décor : mesquinerie,
hypocrisie, faux-semblants, et même cruauté gratuite… les membres de la bonne
société ne sont pas tendres envers ceux qui ne brillent pas comme eux. Maude va
passer du choc à l’émerveillement puis à l’aveuglement, avant d’éprouver, pour
finir, un profond écœurement. Pourtant, cette expérience lui permettra de se
découvrir elle-même, puisant dans son sens de l’observation et de l’écoute pour
toucher à l’âme d’artiste qui sommeille en elle. Et elle va s’apercevoir que, à
l’image de la tour d’Eiffel, la beauté se trouve aussi en dehors des canons
couramment admis.
Note :
Si
vous aimez Belle Époque, vous adorerez
Les Enquêtes d’Enola Holmes de Nancy
Springer (éditions Nathan). Ce cycle de six tomes se déroule à Londres, à la même période que Belle Époque. Il met en scène Enola, la jeune sœur de Sherlock Holmes
qui, à l’instar de son aîné, est animée d’un brillant esprit de déduction. À la
disparition de sa mère, Enola prend son envol et ouvre son propre cabinet
d’enquêtes.
Les
aventures d’Enola Holmes sont un habile mélange de roman historique et de
polar. On a le plaisir d’y découvrir le célèbre Sherlock sous un nouvel
éclairage, par les yeux d’une héroïne forte et
indépendante, mais aussi les balbutiements du mouvement occidental pour la
libération des femmes. À la fois ludique et instructif.
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