Bienvenue sur ces rivages oniriques !

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Rivages oniriques est un blog consacré aux cultures de l’Imaginaire (fantasy, fantastique, science-fiction) et aux cultures de genre (historique, thriller, épouvante…).

Vous y trouverez donc de nombreuses chroniques littéraires, mais aussi des critiques de films, de séries télévisées, d’expositions… et bien d’autres choses encore, toutes liées, de près ou de loin, à ces genres qui nous font rêver, vibrer, cauchemarder, et nous aventurer loin du territoire familier de notre quotidien.

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Très bonne visite !

dimanche 13 avril 2014

Belle Époque
d’Elizabeth Ross (éditions Robert Laffont)


Résumé :
Pour échapper à un mariage arrangé, Maude Pichon débarque dans le grand Paris de 1889. Sur la rive gauche se dresse la demoiselle de fer, la tour d’Eiffel, encore en construction et nourrissant les polémiques. Paris capitale, Paris faste, Paris bonheur… Paris est le rêve merveilleux de toute provinciale. Mais, sans le sou, Maude voit rapidement son rêve tomber dans le ruisseau des rues crasseuses. Payer son loyer et avoir encore suffisamment d’argent pour manger deviennent son lot quotidien. Le dur métier de lavandière ne lui permettant pas de joindre les deux bouts, la jeune Bretonne de 16 ans répond à une annonce énigmatique. Pour le poste qu’on lui propose, elle possède un atout considérable… son physique insignifiant. L’agence Durandeau ne recrute en effet que des femmes laides ou d’apparence insipide. Le but : infiltrer ces femmes dans la bonne société, au service de clientes pour lesquelles elles joueront le rôle de faire-valoir, de « repoussoir ».
Outrée, Maude s’interroge. N’a-t-elle rien d’autre que son physique ingrat pour réussir dans la vie ? Doit-elle vraiment tomber si bas ?
En dépit de ses réserves, la jeune fille finit par accepter. Pour survivre.




Critique (attention, spoilers) :
Pour écrire son roman, Elizabeth Ross s’est inspirée d’une nouvelle d’Émile Zola, Les Repoussoirs, d’ailleurs insérée en fin d’ouvrage. On retrouve dans Belle Époque l’ambiance désabusée de la France du xixe siècle dépeinte par le journaliste, mais en beaucoup, beaucoup plus optimiste (un peu trop peut-être, la fin confinant quasiment au conte de fées si on poursuit la comparaison avec Zola).
D’origine écossaise, l’auteure a étudié le français à l’université de Glasgow et elle a effectué de petits boulots en Bretagne et à Paris. D’emblée, j’ai été séduite par l’idée qu’une Anglo-Saxonne nous aide à découvrir notre propre patrimoine littéraire et historique. Je dois reconnaître que, sur ce point, je l’attendais au tournant, mais je n’ai pas trouvé de quoi satisfaire ma mauvaise langue ! Le roman tient ses promesses et nous fait passer un très bon moment. L’intrigue est agréable, quoique assez linéaire et prévisible. C’est avec plaisir qu’on accompagne Maude et qu’on évolue avec elle dans les salons mondains et autres endroits-où-il-faut-être-vu recueillant le faste et le luxe du beau Paris. Comme de bien entendu, la jeune héroïne devra également faire face à l’envers du décor : mesquinerie, hypocrisie, faux-semblants, et même cruauté gratuite… les membres de la bonne société ne sont pas tendres envers ceux qui ne brillent pas comme eux. Maude va passer du choc à l’émerveillement puis à l’aveuglement, avant d’éprouver, pour finir, un profond écœurement. Pourtant, cette expérience lui permettra de se découvrir elle-même, puisant dans son sens de l’observation et de l’écoute pour toucher à l’âme d’artiste qui sommeille en elle. Et elle va s’apercevoir que, à l’image de la tour d’Eiffel, la beauté se trouve aussi en dehors des canons couramment admis.

Note :
Si vous aimez Belle Époque, vous adorerez Les Enquêtes d’Enola Holmes de Nancy Springer (éditions Nathan). Ce cycle de six tomes se déroule à Londres, à la même période que Belle Époque. Il met en scène Enola, la jeune sœur de Sherlock Holmes qui, à l’instar de son aîné, est animée d’un brillant esprit de déduction. À la disparition de sa mère, Enola prend son envol et ouvre son propre cabinet d’enquêtes.
Les aventures d’Enola Holmes sont un habile mélange de roman historique et de polar. On a le plaisir d’y découvrir le célèbre Sherlock sous un nouvel éclairage, par les yeux d’une héroïne forte et indépendante, mais aussi les balbutiements du mouvement occidental pour la libération des femmes. À la fois ludique et instructif.

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